L'aluminium, un métal convoité au parcours fluctuant
Les leaders mondiaux sont de grands groupes internationaux: Russal (Russie), Rio Tinto Alcan (Canada-Australie), Chalco (Chine), Alcoa (USA), Norsk Hydro (Norvège). Caractéristique de cette industrie, la nécessité de s’appuyer sur des sources d’électricité bon marché (centrales hydroélectriques), car l’énergie compte en moyenne pour 35% du coût du métal. Le minerai de bauxite, qui est transformé pour obtenir le produit fini, peut, lui, être importé de n’importe quelle région du globe.
L’avenir de l’aluminium est prometteur
Présent au quotidien dans l’emballage et les canettes pour boissons, ce métal aux multiples vertus est principalement utilisé dans l’automobile et l’aéronautique. L’aluminium gagne des parts de marché vis-à-vis du cuivre et de l’acier, grâce à sa légèreté. Les analystes estiment que sa part «dans une automobile devrait passer de 150 à 200 kg ». Même tendance en ce qui concerne l’aéronautique. Cet avenir prometteur est cependant soumis au jeu des marchés qui empêchent un ajustement parfait entre l’offre et la demande primaire du métal.
Le record du prix de l’aluminium a été atteint en juillet 2008 avec 3.317 dollars la tonne. En mars 2013, le prix est tombé à 1.975 dollars à la bourse, 15% de moins qu’un an auparavant. Un phénomène lié à la surproduction et aux craintes de ralentissement économique.
Une mauvaise passe
Le numéro un mondial Rusal a essuyé, en 2012, une perte nette de 55 millions de dollars (42,2 millions d’euros) contre un bénéfice net de 237 millions en 2011. La production du groupe russe s’est élevée en 2012 à 4,17 millions de tonnes (+1% sur un an). «Malgré une hausse de 6% de la demande mondiale d'aluminium, à 47,4 millions de tonnes, la déprime des investisseurs a entraîné un déclin de 15,7% des prix de l'aluminium sur un an, faisant passer un grand nombre des producteurs sous le seuil de la rentabilité", indique le PDG Oleg Deripaska.
Conséquence, des usines ferment pour faire baisser l’offre.
Mais, dans le même temps, la Chine (premier consommateur et producteur mondial avec 40% du marché) affiche toujours une production record. Pékin est de fait «un amortisseur du marché. En 2009, quant le marché était à 1.900 dollars, les Chinois ont importé massivement de l’aluminium et fermé des usines. Ce qui a raffermi les prix et, quand ils ont atteint 2.300-2400 la tonne, ils ont relancé leurs usines et de nouveaux projets », poursuit un observateur, dans Les Echos.
Le métal offrant de bonnes perspectives, des pays comme la Malaisie, l’Arabie Saoudite et l’Inde doivent ouvrir de nouvelles usines de fonderies. La Société Générale estime que les surplus devraient s’élever à 1,1 million de tonne en 2013 et 800.000 tonnes en 2014.
L’optimisme est donc de retour. Rusal estime ainsi que la crise de l'euro et l'essoufflement de la croissance chinoise «vont s'estomper au cours de 2013 grâce aux importants programmes de stimulation de l'économie» engagés dans ces régions.
L’aluminium au centre de l’intérêt des investisseurs
L'une des causes des difficultés rencontrées vient des opérations purement commerciales du métal sur les bourses. Sur ces marchés, des investisseurs achètent et vendent à terme de l’aluminium. L’activité est source de profits lors de périodes de taux d’intérêts bas. Résultat, les industriels doivent généralement attendre 10 à 16 mois, selon les entrepôts, pour être livrés en raison du manque de fluidité du marché. « S'ils ont absolument besoin du métal, ils doivent payer une prime pour l’avoir », selon la même source.
Actuellement, sur le marché d’Amsterdam, cette prime est de l’ordre de 300 dollars la tonne, près de 15% du prix affiché. Un niveau jamais atteint.
Les gagnants de ce système dévoyé sont les propriétaires des entrepôts, comme Glencore ou Goldman Sachs. «Un entrepôt détenant 1,5 million de tonnes collecte environ 270 millions de frais de stockage par an et facture 26 euros par tonne pour charger un camion », déplore un courtier.
Dans l’usine Rusal de Sayanogorsk, des affiches fraîchement imprimées, style propagande des années soviétiques, scandent : « Des millions de tonnes d’aluminium pour la Patrie ». Mais l’aluminium doit se résoudre à subir la loi du marché!.
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