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Julian Assange doit être maintenu en détention jusqu'au 14 décembre, a décidé mardi la Cour de justice de Westminster

Ses avocats ont annoncé qu'ils formuleraient une nouvelle demande de mise en liberté conditionnelle le 14 décembre dans une affaire de viol qui n'a rien à voir avec WikiLeaks.La Cour a refusé la liberté sous caution demandée par l'avocat du fondateur de WikiLeaks alors que des personnalités dont Ken Loach se disaient prêtes à payer la caution.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Julian Assange était recherché par Interpol (AFP Nicholas Kamm)

Ses avocats ont annoncé qu'ils formuleraient une nouvelle demande de mise en liberté conditionnelle le 14 décembre dans une affaire de viol qui n'a rien à voir avec WikiLeaks.

La Cour a refusé la liberté sous caution demandée par l'avocat du fondateur de WikiLeaks alors que des personnalités dont Ken Loach se disaient prêtes à payer la caution.

Visé par un mandat d'arrêt international suite à deux plaintes pour viol, Julian Assange s'est présenté de lui-même mardi matin à Scotland Yard, a indiqué Interpol.

La Suède, qui réclame son extradition, a émis ce mandat d'arrêt, transmis aux autorités britanniques, dans le cadre d'une enquête pour "viol et agression sexuelle". A l'origine, deux femmes ont porté plainte contre Julian Assange.

L'affaire "n'a rien à voir avec WikiLeaks. Je voudrais que Julian Assange vienne et le dise lui-même", a déclaré Me Claes Borgström, dont les clientes sont à l'origine du mandat d'arrêt international. "Ce serait un moyen de faire cesser ces rumeurs", a ajouté mercredi l'avocat lors d'une conférence de presse.

Julian Assange a clamé son innocence, affirmant que les plaignantes étaient consentantes pour une relation non protégée, et s'est dit victime "d'une machination."

WikiLeaks a assuré mardi qu'il allait continuer à publier des télégrammes diplomatiques américains, malgré l'arrestation de Julian Assange. Un message posté mardi sur l'affirme: "Les actions menées contre notre rédacteur en chef Julian Assange n'affecteront pas notre travail: nous publierons cette nuit d'autres télégrammes comme d'habitude."

Longue bataille judiciaire en vue pour Assange
Cette arrestation constitue le premier acte d'une bataille judiciaire qui s'annonce longue et compliquée, selon ses avocats, d'autant plus déterminés à combattre l'extradition de leur client vers Stockholm qu'ils redoutent un engrenage judiciaire s'achevant devant les tribunaux américains pour divulgation de secrets militaires et diplomatiques par le site WikiLeaks.

Julian Assange "a été arrêté en vertu d'un mandat européen à 9h30 GMT", alors qu'il se présentait devant la police, a précisé Scotland Yard. Il a ensuite comparu en début d'après-midi devant un tribunal de Westminster, assailli par les journalistes. Le juge Howard Riddle a refusé sa demande de liberté conditionnelle. Après avoir souligné "l'extrême gravité des accusations", il a estimé que le prévenu avait "les moyens et la capacité de s'enfuir", et ordonné son maintien en détention dans l'attente d'une nouvelle comparution, fixée au 14 décembre. Diverses personnalités, dont le cinéaste Ken Loach présent sur les lieux, ont vainement proposé de se porter garants.

En cas d'acceptation de la procédure d'extradition, le prévenu est déféré sous dix jours devant un juge. Il dispose d'un délai de sept jours pour faire appel. S'il y renonce, il est susceptible d'être extradé dans les dix jours suivant l'expiration du délai d'appel.

Julian Assange a clamé son innocence, affirmant que les plaignantes étaient consentantes pour une relation non protégée, et s'est dit victime "d'une machination." Son principal avocat, Mark Stephens, a évoqué une affaire politique. "Beaucoup de gens pensent que les poursuites sont politiquement motivées. Nous pensons que les accusations sont extrêmement minces."

Assange redoute une extradition vers les USA
Assange, qui se dit menacé de mort, redoute un "artifice politique" pour le réduire au silence et craint avant tout une extradition aux Etats-Unis. La justice suédoise dément cependant avoir cédé à des pressions américaines en vue de mettre la main sur le fondateur de WikiLeaks.

Selon ses avocats, l'Australien de 39 ans devenu l'ennemi public numéro 1 depuis qu'a éclaté le "cablegate" (la diffusion de câbles diplomatiques qui mettent en émoi nombre de gouvernements à commencer par les Américains) s'est rendu "de son plein gré", afin de faire valoir son innocence.

Menant depuis des mois une vie de fugitif et s'efforçant de masquer ses traces, il se trouvait depuis des semaines dans le sud de l'Angleterre, selon les médias locaux.

Blocage des comptes d'Assange et de certains virements à WikiLeaks
Postfinance
, filiale bancaire de la Poste suisse, a par ailleurs annoncé lundi avoir , en raison de "fausses indications sur son lieu de domicile à l'ouverture de son compte".

Quant aux sociétés MasterCard International et Visa, elles ont bloqué les virements adressés à WikiLeaks. Un porte-parole de MasterCard a justifié cette décision zélée par le fait que l'activité de WikiLeaks est illégale. "Le règlement de MasterCard interdit aux clients de s'engager ou faciliter, directement ou indirectement, toute action illégale", a déclaré le porte-parole de MasterCard Chris Monteiro, cité par CNET, un site d'informations sur les nouvelles technologies.

Les dernières révélations de WikiLeaks
WikiLeaks a diffusé mardi une liste secrète de sites sensibles dans le monde que les Etats-Unis veulent protéger d'attaques terroristes. Certains câbles émanant des services diplomatiques américains montrent par ailleurs que la France et les Etats-Unis coopèrent de manière plus intensive depuis un an, à l'initiative de Paris, dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Ancien pirate informatique, Julian Assange a lancé WikiLeaks avec l'objectif de développer le journalisme d'investigation et de compléter le travail des médias traditionnels. Le site, qui emploie une demi-douzaine de permanents et des dizaines de bénévoles actifs, permet à des personnes estimant être témoin de malversations ou de pratiques de corruption dans l'administration ou l'entreprise qui les emploie de faire publier, en toute confidentialité, des documents internes étayant leurs accusations.

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