JO à Pékin : un camouflet ou une chance pour les droits de l’Homme ?
Pour les associations des droits de l’Homme, le choix de Pékin est une "énorme déception ", considère Michèle Kissenkoetter responsable du bureau Asie de la Fédération internationale des droits de l’Homme. Elle rappelle qu’un agenda 2020 a été adopté par le Comité olympique en 2014 après les jeux de Sotchi et les précédents jeux olympiques en Chine.
"C’est normalement la responsabilité du Comité Olympique de suivre ses propres règles internes, qui prévoient que toute ville hôte des Jeux défende la dignité humaine, respecte la liberté de la presse et les droits humains. Or on voit très clairement que la situation des droits humains en Chine est la pire depuis 20 ans ".
Les JO peuvent-ils améliorer la situation ?
"Pas du tout ", poursuit Michèle Kissenkoetter. En Chine, estime-t-elle, c’est l’inverse qui s’est passé à l’occasion des JO de 2008. "On a vu des violations des droits humains dans la préparation et la mise en œuvre des jeux : des déplacements forcés de communauté, des violations du droit à la terre, des violations du droit de l'environnement ".
Pierre Picard, docteur en géopolitique et spécialiste de la Chine pense exactement l’inverse. Les Jeux de 2008 ont "permis à la Chine de s’ouvrir, y compris aux droits de l’Homme. Il y a aujourd’hui plus de liberté, notamment pour les femmes, pour les gays" . Il juge que les critiques contre la Chine sont fondamentalement injustes.
"Il y a une mauvaise habitude en France de critiquer tout ce qui n’est pas Européen ou occidental".
Pour lui, c’est donc une très bonne nouvelle que Pékin ait été choisie une deuxième fois. "Plutôt que de critiquer, il faut tirer les pays vers le haut. On le voit avec l’Iran ". "On n’aura pas demain une démocratie à l’occidentale" , poursuit-il, "pourquoi vouloir imposer notre modèle ? On aura une démocratie à la chinoise ".
Au sujet des déplacements de population, Pierre Picard estime que les "gens sont relogés (...) on n’aurait pas construit la capital internationale de Pékin en 10 ans s’il n’y avait pas eu de grands programmes d’urbanisme ".
Développement économique ou humain ?
Michèle Kissenkoetter rétorque que "le développement économique, la croissance d’opportunités économiques n’est pas égale au respect des droits humains. On parle d’un pays où il y a 15 jours, plus de 170 avocats et défenseurs des droits humains ont été détenus de façon arbitraire, juste pour avoir défendu les droits humains".
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