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Les conséquences sanitaires de l'accident nucléaire de Fukushima

En mars 2013, le gouvernement japonais et Greenpeace contestaient, pour deux raisons différentes, les conclusions d'une étude de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les risques de cancers près de la centrale de Fukushima Daiichi. Les conséquences de la catastrophe nucléaire restent, aujourd'hui encore, entourées de mystère.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Un travailleur vérifie la radioactivité dans l'usine de Fukushima Daiichi, le 29 Décembre 2012, où le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a fait une visite. (AFP PHOTO / Itsuo Inouye / POOL)

Le 11 mars 2011, un séisme suivi d’un tsunami a généré un accident nucléaire majeur sur les côtes nord-est du Japon, le pire depuis celui de Tchernobyl, en 1986 en Ukraine.
 
Environ 110.000 riverains, installés à moins de 20 km du site et de quelques villages situés au-delà de la centrale ont été évacués, sur une période de quelques jours à quelques semaines suivant le drame. 50.000 autres habitants de la préfecture de Fukushima ont déménagé par précaution.

La plage Nasoko, située à seulement 65 km de la centrale de Fukushima, le 16 juillet 2012... (AFP PHOTO / JIJI PRESS JAPAN OUT)
 
Un rapport sur les risques liés à la catastrophe
En 166 pages publiées le 28 février, l'OMS a évalué les risques sanitaires de la catastrophe. Selon l’organisation onusienne, les risques de cancers de la thyroïde et du sein pourraient augmenter à l’avenir respectivement de 70% et 6% chez les femmes si elles ont été exposées bébés dans la région la plus contaminée. 7% des nourrissons garçons exposés pourraient, eux, développer ultérieurement une leucémie.
 
En revanche, l'OMS note de faibles dangers pour les populations «en général au Japon et à l'extérieur» du pays. En dehors des zones évacuées, les risques chutent au moins de moitié. Par contre, à l'intérieur de la centrale, un tiers des ouvriers les plus exposés aux radiations risquent de développer un cancer.
 
Des chiffres contestés par Tokyo et Greenpeace
Pour Greenpeace, ce rapport sous-estime «honteusement l'impact des premières radiations de la catastrophe de Fukushima sur les personnes présentes à l'intérieur de la zone d'évacuation d'un rayon de 20 km, et qui n'ont pas été en capacité de partir rapidement». Et l'organisation de défense de l'environnement de conclure : il faut «considérer (ce document) comme une déclaration politique pour protéger l'industrie nucléaire et non pas comme un travail scientifique axé sur la santé des personnes.»
 
Quant au ministère japonais de l’Environnement, il dénonce le catastrophisme de calculs basés sur l’hypothèse «que les gens ont continué de vivre dans cette zone et de manger de la nourriture interdite», alors que «cela est faux».

 
Des critiques venues de France
Trois mois après l’accident nucléaire, la Commission française de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) dénonçait «les carences graves» des autorités japonaises dans la gestion de la catastrophe : pas d’évacuation de la population «sur un périmètre suffisant», distribution tardive de pastilles d'iode et, «bien au-delà de la zone interdite de 20 km autour de la centrale, des doses de radioactivité qui induisent des risques de cancer inacceptable.»
 
Quid des personnes vivant près de la zone interdite ? Roland Desbordes, président de la Criirad s’en était alors inquiété : «Pour des raisons économiques, on fait au Japon ce qu'on a fait à Tchernobyl, on n'évacue pas» des populations «qui vivent dans des zones très contaminées», car leur indemnisation coûterait trop cher…
En 2012, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire publiait un inquiétant bilan sur les conséquences sur l’environnement de Fukushima, alors que la Criirad évoquait «le casse-tête de la décontamination».
 
Ce que l’on sait
La centrale de Fukushima a relâché lors de l’accident plusieurs dizaines de millions de milliards de becquerels dans l'atmosphère et l'océan Pacifique. On ne dispose d’aucune statistique officielle quant aux morts liées aux radiations nucléaires émanant de la centrale.
 
Le 28 février 2013, la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco), gérante de la centrale, n'avait toujours pas remis de données sur les doses de rayonnements auxquelles avaient été soumis les 20.000 travailleurs du complexe industriel.

Manifestation à Tokyo, le 13 octobre 2012, contre le plan du gouvernement japonais de relancer l'énergie nucléaire. (AFP PHOTO / Rie ISHII )
 
Les doses maximales d'irradiation pour les travailleurs du secteur nucléaire autorisées par les instances internationales sont de 50 millisieverts pour un an et de 100 millisieverts en tout pour cinq ans consécutifs. La limite annuelle permise a momentanément été élevée à 250 millisieverts par an juste après l'accident. En décembre 2011, elle a retrouvé son niveau annuel habituel.

Et pendant ce temps…
Le gouvernement japonais de Shinzo Abe (droite) a indiqué vouloir redéfinir avant 2014 les grandes lignes de la politique énergétique du pays. L’énergie nucléaire est, selon le Premier ministre, indispensable au Japon. Il va donc réviser le projet d'abandon du nucléaire voulu d’ici à 2040 par le précédent gouvernement de centre gauche.
 
Shinzo Abe veut relancer tous les réacteurs jugés sûrs, voire en construire de nouveaux. Actuellement, seuls deux sur 50 sont en service dans l'archipel. A partir du 15 mars, une commission de 15 membres en majorité… pro-nucléaires va plancher sur la question.

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