Le nord-est du Japon entre pénurie alimentaire et peur de la contamination radioactive
Florence Otsuki est professeur de français à Sendai, grande métropole côtière située à environ 300 km au nord-est de Tokyo, dans la région la plus touchée par le tsunami du 11 mars dernier. Elle vit tout près du centre ville, avec sa fille et son mari. Ici, les habitants trouvent encore à s’alimenter mais sont obligés de faire avec ce qu’il y a, ou plutôt ce qu’il reste. " On a des pommes et trois oranges je crois, on a du chocolat, des nouilles, de la purée instantanée et du riz ", explique-t-elle.
Devant les magasins, pris d'assaut depuis plusieurs jours déjà, il y a de "longues queues" et au final pas toujours ce que l’on cherche. "J’aurais bien voulu que ma fille achète du lait pour mettre dans le café", mais il y a rupture, regrette Florence Otsuki . Il faudra donc faire sans. Face à la pénurie, dans son quartier la solidarité s’organise. " Les voisins nous ont donné du café, moi j’ai donné des bonbons français ", rapporte la professeure qui s’inquiète surtout pour les populations excentrées. "Du côté de la mer, c’est le plus dramatique. Surtout dans les endroits où il y a des camps de réfugiés et où les routes sont coupées", explique-t-elle.
La télévision locale montre des images d’un porte-avions américain stationné aux larges des côtes et d’un hélicoptère qui fait la navette pour apporter des vivres aux populations les plus isolées. La France a également prévu d’acheminer une aide alimentaire d'urgence, des médicaments, ainsi que des instruments de mesure de radioactivité dans le nord-est de l’archipel. Un Antonov 224 affrété par les autorités françaises est attendu sur place vendredi avec une cargaison d'une centaine de tonnes de conserves, lait en poudre, lait pour bébé, bouteilles d'eau, produits d'hygiène corporelle, etc, a indiqué l'ambassadeur de France, Philippe Faure.
Et tandis que dans les zones sinistrées les rescapés du tremblement de terre manquent de tout et notamment de nourriture, dans les villes moins touchées ainsi qu’à l’étranger on hésite de plus en plus à consommer les denrées alimentaires en provenance du Japon. En cause, l'accident nucléaire de Fukushima, qui fait craindre une contamination radioactive des produits alimentaires. Crainte qui s’est encore renforcée aujourd'hui, les autorités ne parvenant toujours pas à écarter le danger à la centrale accidentée, dont les rejets menacent désormais les produits de la mer.
Déjà, des traces de radioactivité supérieures à la normale ont été détectées sur onze types de légumes produits dans la préfecture de Fukushima, selon le ministère japonais de la Santé cité par l'agence Kyodo. Parmi ces aliments figurent des brocolis, des épinards, des
choux et des choux-fleurs, précise Kyodo. L'Organisation mondiale de
la Santé (OMS) estime que cette contamination d'aliments signifie que la crise est plus grave que prévu.
Une pollution qui s’étend aujourd’hui jusqu’à la capitale nippone. Après les légumes et le lait, c'est l'eau qui inquiète désormais les autorités. A Tokyo, elle est devenue impropre à la consommation des bébés. Une concentration d'iode de 210 becquerels par kilogramme a été relevée sur des échantillons de l'eau courante, soit le double de la limite fixée. Pour l'ambassade de France au Japon, il faut prendre ses précautions mais ce qui la préoccupe le plus c'est ce qui se passe au sol. Il a plu pendant deux jours et cette pluie fixe pendant un certain temps des particules radioactives au sol.
Cécile Mimaut
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