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Le Japon sous la menace invisible du nuage radioactif

Des traces d'iode ou de césium radioactifs retrouvées dans du lait et des épinards ce week-end et dans l'eau du robinet ce matin. Le message des autorités japonaises a beau être rassurant, certains spécialistes de la radioactivité sont plus alarmistes. Ils s'inquiètent notamment des variations météorologiques : la pluie et le vent pourraient conduire les particules radioactives de Fukushima, là où l'on ne les attendait pas... Même l'OMS juge la situation "grave". En revanche, en France, on ne risque rien, assure l'IRSN.
Article rédigé par franceinfo
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Ce matin, c'est l'eau courante qui doit avoir un arrière-goût de danger près de Fukushima. Le gouvernement japonais, après des prélèvements suspects près de Iitatemura, à 40 km de la centrale, conseille aux habitants de ne pas boire au robinet, en affirmant dans le même temps qu'il n'y a aucun risque immédiat pour la santé. Message double, qui sème le trouble chez les Nippons.

Le ministère de la Santé explique en effet que la dose maximale admise dans l'eau potable est de 300 becquerels par kg, soit une quantité de radiations équivalente à un quatorzième de ce que l'on reçoit lors d'un aller simple Tokyo/New-York en avion (!). Or l'échantillon d'eau prélevé à Iitatemura atteindrait les 965 becquerels, dose sans effet "si l'eau est consommée temporairement" affirme le ministère. Celui-ci conseille toutefois d'éviter. Il a aussi interdit hier la vente de lait cru provenant de la région, et des épinards cultivés en pleins champs. Les légumes à feuille sont toujours les premiers à absorber les retombées radioactives.

L'OMS en tout cas est bien plus alarmiste que le gouvernement japonais. L'organisation mondiale de la Santé juge "grave" ces aliments contaminés, d'autant qu'ils sont susceptibles d'avoir été transportés voire exportés hors de la zone voisine de la centrale.

Le nuage peut-il toucher la France ?

Et ces particules de césium ou d'iode retrouvées dans les verres ou les assiettes ne seront sans doute pas les dernières. Si les techniciens semblent petit à petit reprendre le contrôle de la centrale nucléaire de Fukushima, ils pourraient à nouveau lâcher aujourd'hui de la vapeur contaminée, tant la pression a augmenté dans le réacteur n°3, le plus dangereux. Or, ces vapeurs ne sont pas depuis cette nuit conduites vers le Pacifique mais vers le sud et le Grand Tokyo, car le vent a tourné. En outre, la pluie pourrait avoir pour effet de faire retomber plus vite les particules radioactives au sol. Or, le Japon assure 95% de son alimentation en eau grâce aux fleuves et rivières moins protégées, de fait, de ces retombées que ne le sont les nappes phréatiques souterraines.

Ce nuage enfin peut-il nous atteindre ? Selon une modélisation de l'IRSN des déplacements de ce panache, invisible à l'œil nu, il pourrait, oui, atteindre mercredi ou jeudi prochain la France métropolitaine.
_ Voir ICI la modélisation du nuage à l'échelle mondiale de l'IRSN.
_ Mais ce panache serait si dilué dans l'air qu'il resterait "sans conséquences sanitaires et environnementales", selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Pour preuve, dit l'Institut, les 170 balises d'alerte de son réseau ne devraient même pas détecter quoi que ce soit, tant les concentrations attendues en césium 137 devraient être faibles. Elles devraient être 1.000 à 10.000 fois moins importantes qu'en 1986, au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

Cécile Quéguiner, avec agences

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