Cet article date de plus de dix ans.

Le Japon face à ses problèmes de racisme anti-coréen

Shin-Okubo, quartier de Tokyo à forte immigration coréenne. Ici, les manifestants d’extrême-droite s’opposent hebdomadairement à la communauté coréenne. Une situation que le gouvernement doit enrayer avant les Jeux olympiques de 2020 dont il est l’organisateur.
Article rédigé par Camille Wormser
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des milliers de Japonais défilent régulièrement dans les rues de Tokyo pour dénoncer les actions des groupes d'extrême-droite contre les Coréens de la capitale. (AFP PHOTO / Yoshikazu TSUNO)

Dans les rues de Tokyo, il n’est pas rare de trouver sur les façades des immeubles, des insultes, des graffitis à caractère raciste. Leurs auteurs : des membres du mouvement Zaitokukai, une ligue d’extrême-droite qui rejette les privilèges des étrangers au Japon. Régulièrement, ils descendent dans les rues dans le but de «nettoyer le quartier». Une incitation à la haine que les associations nippo-coréennes ne supportent plus.
 
Pancartes à la main, les militants d'extrême droite menacent. «Tuez-les !», «Fuck Korea». Ils sont persuadés que les Coréens bénéficient de plus d’aides sociales que les citoyens japonais et dénoncent ce qu’ils voient comme une injustice. Sur Internet c’est encore pire ! Les Coréens se font littéralement lyncher par les internautes ultranationaux.
 

Des membres du mouvement d'extrême-droite Zaitokukai foulent au pied le drapeau coréen à Tokyo. (AFP PHOTO / TORU YAMANAKA)

Une haine vieille de près d’un siècle
Les relations entre le Japon et la Corée n’ont jamais été au beau fixe. Depuis la Première guerre mondiale, la communauté coréenne vivant au Japon représente près de 600.000 personnes.
 
Et les sujets d’achoppement entre les deux pays ne manquent pas. Malgré une étroite coopération économique, les relations entre les deux pays restent minées par l’héritage de l’ère coloniale. Des tensions autour de la possession des îles Takeshima mais également sur le rôle des femmes de réconfort sont monnaie courante. Par exemple, Tokyo refuse toujours de dédommager les femmes sud-coréennes forcées à la prostitution par l’armée japonaise pendant la Seconde guerre mondiale.
 
Aujourd’hui, pour la première fois depuis des années, ces altercations sont devenues un enjeu pour le gouvernement nippon qui se réveille à cinq ans des prochaines Jeux olympiques.
 
Un mouvement d’extrême-droite de plus en plus condamné
Le Premier ministre nationaliste Shinzo Abe doit agir. Et vite. Le gouverneur de Tokyo Yoichi Masuzoe lui a demandé d’ajouter l’incitation à la haine raciale dans la Constitution japonaise.
 
Les tribunaux du pays commencent également à bouger. En octobre 2012, celui de Kyoto a condamné le mouvement Zaitokukai à 91.000 euros de dommages et intérêts pour des insultes raciales proférées au cours de manifestations en 2009-2010. Selon lui, le pays aurait enfreint la Convention internationale contre la discrimination raciale signée par le Japon.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.