La souveraineté nippone sur Okinawa contestée
La longue tribune figurant dans le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC), soutient que Pékin pourrait être fondé à faire valoir des droits sur l'archipel des Ryukyu, dont Okinawa à l'extrême sud du Japon constitue l'île principale.
Selon Zhang Haipeng et Li Guoqiang, chercheurs à la très officielle Académie chinoise des sciences sociales (CASS), «le temps est venu de reconsidérer des problèmes non résolus concernant les îles Ryukyu». Les deux universitaires reviennent notamment sur le traité de Shimonoseki (17 avril 1895), concluant la courte guerre sino-japonaise de 1894-1895 perdue par la dynastie mandchoue des Qing, qui est alors apparue affaiblie.
La Chine a vécu comme une humiliation tenace la signature de ce traité "inégal", la forçant à céder au Japon, consacré puissance impérialiste, des territoires parmi lesquels l'île de Formose (Taïwan), une quinzaine d'années après que les Ryukyu eurent déjà été englobées dans l'empire nippon.
La tribune publiée par le Quotidien du Peuple pourrait aviver les tensions entre Pékin et Tokyo, englués dans un interminable différend territorial autour d'un archipel inhabité en mer de Chine orientale, nommé Diaoyu par les Chinois et Senkaku par les Japonais. Une zone maritime revendiquée par la Chine et Taïwan, riche en ressource halieutique qui de plus recèle d'importants gisements de gaz et de pétroles offshore.
Situé entre le Japon et Taïwan, l'archipel subtropical des Ryukyu a, au fil d'une histoire mouvementée, été d'abord vassal de la Chine avant de passer sous la suzeraineté nippone.
Ce petit royaume indépendant et prospère, qui a longtemps payé tribut à la Chine, fut intégré à l'empire nippon en 1879 et devint la préfecture d'Okinawa. Ses habitants partagent une longue histoire commune avec la Chine et nombre d'entre eux ont souffert des suites de l'annexion japonaise. Le chapelet d'îles a été le théâtre de combats meurtriers et de suicides forcés durant la Deuxième Guerre mondiale, avant d'être occupé jusqu'en 1972 par les Etats-Unis. Les Okinawaïens se sont ensuite vu imposer la présence des bases américaines.
Réactions suite à l'article du Qotidien du Peuple
A Tokyo, le secrétaire général du gouvernement Yoshihide Suga a estimé que le texte du Quotidien du Peuple était «non pertinent». Les îles Ryukyu «font partie, de façon irréfutable, du territoire de notre pays. C'est un fait reconnu à la fois historiquement et par la communauté internationale», a-t-il affirmé.
Interrogée sur le fait de savoir si la Chine considérait que les Ryukyu appartenaient au Japon, la porte-parole de la diplomatie chinoise, Mme Hua Chunying, a refusé de donner une réponse claire. «Les universitaires s'intéressent depuis longtemps à l'histoire d'Okinawa et des Ryukyu», a-t-elle répondu. «Mais les îles Diaoyu font partie du territoire irréductible de la Chine et n'ont jamais fait partie des Ryukyu ou d'Okinawa».
Pour le sinologue Willy Lam, le texte s'inscrit dans la «guerre psychologique» en cours et sert à la Chine à «exercer une pression afin de forcer le gouvernement japonais à faire des concessions sur les îles Senkaku».
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