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Japon: les touristes invités à manger de la baleine
A Tokyo, les touristes étrangers sont invités à manger de la baleine. Une trentaine de restaurants d'Ebisu, situé près du quartier commerçant et branché de Shibuya, participent à un festival gastronomique au cours duquel le chaland étranger est tout particulièrement invité à essayer cette chair blanche ou rouge aux allures de filet de bœuf.
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Manger de la baleine... Peu de pays offrent cette possibilité. Or, le Japon a toujours chassé la baleine et continue à le faire malgré les critiques. La consommation de baleine a une longue histoire au Japon, pays de pêcheurs où le cétacé a été chassé pendant des siècles mais où l'industrie baleinière n'a connu son essor qu'après la Seconde guerre mondiale, pour nourrir un pays affamé.
Au cours des dernières décennies, le Japon a contourné l'interdiction de la chasse à la baleine en utilisant l'exception qui autorise les prises à des fins scientifiques. Mais Tokyo n'a jamais fait un secret du fait que la viande de l'animal marin finissait souvent dans les assiettes. Sa consommation a néanmoins fortement diminué ces dernières années.
Mais il y a toujours des restaurants spécialisés dans la viande de baleine. Ainsi, le Kujiraya, qui sert de cette viande depuis 1955 à Tokyo.
Aujourd'hui, le Japon, grâce à la baisse de sa monnaie, attire de nombreux touristes. Un nombre record de 13,4 millions d'étrangers y a été accueilli en 2014, contre 10,4 millions en 2013. Une augmentation de 50% est en outre constatée depuis le début 2015. «Avec tous ces visiteurs étrangers qui viennent désormais au Japon, nous voudrions montrer ce que nous pensons vraiment» de la consommation de ce mammifère marin, a expliqué début octobre Takashi Furui, chef du comité exécutif du festival gastronomique, au cours d'une conférence de presse d'ouverture.
Invité à la présentation de cette manitestation du goût japonais, le... président de l'Association des baleiniers du Japon, Kazuo Yamamura. «Si des visiteurs étrangers voient cet aliment servi dans des restaurants, j'espère qu'ils comprendront et se diront qu'une telle ressource peut être utilisée tant que les animaux ne sont pas en voie de disparition», affirme-t-il.
Pour les Japonais, Ebisu, le quartier où se déroule ce festival gastronomique, est le nom d'un dieu de la pêche et l'une des sept divinités de la bonne fortune. Ce mot fait également référence à la baleine sous une forme déifiée. Il fut aussi utilisé par le passé pour parler des étrangers car il était d'usage de penser que les dieux de la fortune venaient de contrées éloignées.
Interrogés par l'AFP, qui donne cette information, les touristes ont eu des réactions mitigées face à cette initiative. «Cela ne me choque pas de manger toutes sortes de choses», confiait ainsi une touriste française, Agathe Lavielle. «Je pourrais essayer, oui, je pourrais...» En revanche, pour cette touriste candadienne : «Je ne pense pas que je ferais une telle chose, à moins de mourir de faim et de n'avoir rien d'autre à manger.» Mais aucun n'a semble-t-il affirmé après avoir goûté «c'est assez»...
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