Fukushima : la situation reste "imprévisible", selon le Premier ministre
Les quelque 700 techniciens mobilisés à Fukushima arrosent toujours en continu les réacteurs 1,2 et 4, mais l'opération a été suspendue hier sur le n°3. Non pas que celui-là, qui contient du MOX, mélange de plutonium et d'uranium particulièrement instable, soit refroidi, au contraire...
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Refroidir un réacteur revient à stabiliser sa température sous les 100° Celsius, et à ramener son système de refroidissement à une pression équivalente à la pression atmosphérique. Or, cette semaine, la température dans un des réacteurs de Fukushima aurait atteint les 400°C.
Rien n'est donc réglé sur le site. Tout juste le Premier ministre peut-il aujourd'hui affirmer qu'il travaille "à ce que la situation n'empire pas", situation toutefois "imprévisible", reconnaît Naoto Kan. Euphémisme ? Après avoir ordonné l'évacuation dans une zone de 20 km autour de la centrale, le gouvernement conseille aujourd'hui aux habitants dans un rayon de 20 à 30 km non plus de se confiner mais de partir. Et Tepco convient que les réacteurs ne seront pas réparés avant au moins un mois.
L'attention se concentre sur le réacteur 3. Selon Tepco ce matin, la cuve du réacteur pourrait avoir été endommagée et expliquerait l'important dégagement de radioactivité qui empêche toute approche depuis 24 heures.
C'est d'ailleurs dans ce réacteur 3 que les trois ouvriers de la centrale ont été irradiés. Deux ont dû être hospitalisés, avec de sérieuses brûlures aux pieds. Selon l'Agence de sûreté nucléaire japonaise, appelés à intervenir sur une tribune située derrière le réacteur, ils étaient chaussés de simples bottines en caoutchouc, quand ils ont marché dans une flaque d'eau fortement radioactive. Une radioactivité 10.000 fois supérieure à la normale. Ils auraient reçu 170 à 180 millisieverts. Par comparaison, la dose moyenne encaissée par un employé de centrale est de 50 millisieverts en cinq ans.
Radioactivité et black out
Tepco a donc été sommé de mieux protéger ses hommes, qui travaillent jour et nuit, par roulement de 24 heures. Tepco qui botte en touche, affirmant que les trois irradiés avaient ignoré l'alarme.
A court terme, l'inquiétude porte donc sur la santé, voire la survie de ces hommes. Et sur la propagation de la radioactivité hors des 20 à 30 kilomètres à la ronde qui ont été ou vont être évacués.
A long terme, les préoccupations sont plus pragmatiques. Elles portent sur l'approvisionnement en l'électricité. La compagnie Tepco, Tokyo Electric Power, compte 44,6 millions d'abonnés, soit plus d'un tiers de la population de l'archipel. Comment remédier à la fermeture, annoncée désormais comme définitive, des six réacteurs de Fukushima Daiichi ?
Tepco produit à présent moins de la moitié de sa capacité théorique. Pour exemple, aujourd'hui, elle n'a pu fournir que 37.500 mégawatts, soit environ la consommation moyenne de la journée, même s'il a fallu couper le courant dans certaines zones du Kanto pour soulager le réseau. Mais en été, dans la chaleur tokyoïte, la consommation moyenne peut atteindre les 55.000 mégawatts.
Cécile Quéguiner, avec agences
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