La Suisse, eldorado des migrants du sud de l'Europe
En Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral des migrations, 4.584 Espagnols ont immigré en 2011, contre 2000 en 2007. Les Italiens, eux, sont 10.777 à être arrivés l’an passé, contre 8.400 en 2007. Avec 15.358 immigrants en 2011, les Portugais sont les champions de l’immigration, au coude-à-coude avec les Allemands. Et 1.084 Grecs ont choisi la Suisse l’an passé, contre 590 en 2007, selon les chiffres du journal genevois Le Temps.
Une tendance confirmée par les autorités. «La proportion d’étrangers au sein de la population résidente permanente s’accroît. Cette augmentation émane essentiellement des pays européens», note d’ailleurs le dernier bulletin de l’immigration suisse d’octobre 2012. Les statistiques suisses montrent que sur un an, l’immigration en provenance de l’UE (hors nouveaux membres est-européens, dont les entrées ont été limitées) a progressé de 34% en un an.
Il faut dire que dans une Europe en crise, la Suisse, qui n’est pas membre de l’UE, affiche une santé économique relativement bonne et n'a que 3,1% de chômeurs, contre 11,7% dans la zone euro voisine.
Une immigration ancienne
La Suisse a, dans l'après-guerre, accueilli une immigration venue d'abord d'Italie, puis d'Espagne et enfin du Portugal. Mais après des années de repli, cette immigration économique a repris.
En témoignent les statistiques concernant les Portugais. Ils étaient 196.000 en 2008, ils sont 231.000 aujourd’hui. Soit une augmentation de 20%, précise Swissinfo.
Après l'Italie, l’Espagne avait fourni une importante main d’œuvre à la Suisse dans les années 60. Un accord entre Berne et Madrid avait été signé en ce sens en 1961. En revanche, il n’y avait pas eu d’accord identique avec le Portugal. «Ce n’est que dans les années 80 que les Portugais trouvent le chemin de la Suisse», note une étude de 2010. Une migration qui a fonctionné: en 1992, la Confédération helvétique est le deuxième pays par importance des envois de fonds des émigrés portugais vers la mère patrie.
Pas de futur en Espagne
"Il n'y a pas de futur en Espagne", a raconté à l’AFP Alberto Gomez, un commercial de 36 ans qui est venu en mai dernier en Suisse après avoir perdu trois fois son emploi en Espagne au cours des dernières années. Il vit chez son frère à Genève, où il cherche… toujours un emploi.
En septembre dernier, l'OIT a signalé le cas d'une femme portugaise de 50 ans, appelée Ana B., qui a pris une année de congé sabbatique de son travail de secrétaire dans une agence publique à Porto, pour travailler comme femme de ménage en Suisse. En dépit de la perte d'un statut social et d'un certain niveau de confort, Ana B. a déclaré recevoir un salaire deux fois plus élevé, qui lui permet de payer ses factures chez elle au Portugal.
Pourtant côté suisse, on regrette que les personnes les plus qualifiés du Sud ne choisissent pas la Confédération. «De 2008 à 2011, 300 000 Espagnols ont choisi d’émigrer, en majorité des jeunes de 25 à 35 ans très qualifiés, estime Adecco Espagne. Destinations favorites des ingénieurs et informaticiens espagnols: l’Allemagne et la Scandinavie », déplore le journal de Genève Le Temps.
En revanche, côté grec, c'est l'argent qui semble, lui, avoir choisi la Suisse. La mère de l'ancien premier ministre Georges Papandréou serait ainsi titulaire d'un compte de 550 millions d'euros. Mais ça, ce n'est pas nouveau.
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