L'austérité: pour l'OFCE, «la débâcle» menace l'Europe
«Récession», «chômage élevé», «catastrophe», «plongée»… Les mots utilisés par Xavier Timbeau pour décrire la situation économique mondiale, et européenne en tout premier lieu, ne laissent guère de doute sur le pessimisme de son analyse.
L’OFCE, qui a présenté jeudi 18 octobre ses prévisions de croissance pour 2012 et 2013, anticipe une récession dans la zone euro en 2012 et en 2013 ( -0,1% de croissance du PIB en 2013 après -0,5% en 2012). Pour accompagner cette sombre prévision, Xavier Timbeau insiste sur la situation catastrophique des pays du sud du continent. «L’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce sont en train de s’enfoncer dans une récession absolument invraisemblable avec des risques de désintégration sociale et politique.»
Au-delà des chiffres de croissance de l’activité, l’OFCE met l’accent sur la hausse du chômage en Europe. «A l’exception de l’Allemagne et quelques autres pays développés, aucune économie occidentale n’échappe à la persistance d’un chômage élevé, voire en progression comme en zone euro.» Selon les analyses de l'Observatoire, le taux de chômage atteindrait 12% en 2013 en zone euro au lieu de 11,2% au deuxième trimestre 2012.
Une hausse du chômage aggravée par la perte de revenus de ceux qui arrivent en fin de droit. Les réformes libérales des années 90 sur la couverture sociale du chômage accentuent les effets de la durée des périodes sans emploi. A cela, il faut ajouter l'augmentation du nombre de «travailleurs pauvres».
Ces baisses de revenus pèsent sur la consommation des ménages. Une «2e lame du rasoir», selon Xavier Timbeau, après le passage de la première, les coupes budgétaires. Xavier Timbeau pointe les responsabilités : «En voulant à tout prix et en urgence restaurer l’équilibre des finances publiques et la crédibilité de la gestion économique de la zone euro, on aboutit à la démonstration inverse.»
Cette situation, conséquence directe de la crise de 2008-2009, est due à «l’évaluation erronée de la valeur des multiplicateurs qui permet de mesurer l’impact des politiques d’assainissement des finances publiques sur l’activité. En sous-estimant les multiplicateurs budgétaires, les gouvernements européens ont cru pouvoir rétablir rapidement et sans dommage l’équilibre de leurs finances publiques par une restriction rapide et violente. Influencés par une abondante littérature économique qui pouvait même laisser croire qu’une austérité pouvait être source de croissance, ils se sont engagés dans un programme de restriction budgétaire sans précédent», note l’économiste de l’OFCE.
Pour sortir de cette situation, jugée critique, Xavier Timbaud estime qu’il faut réduire l’ampleur des plans d’austérité (comme le préconise, selon lui, le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) et compter sur la politique de la Banque centrale européenne qui doit aller vers une mutualisation des dettes.
Pour lui, «il y a un risque très fort à s’entêter dans cette austérité hystérique». Xavier Timbeau estime que les décisions européennes à venir concernant l'Espagne (15% du PIB de la zone euro) montreront dans quelle voie s'engage l'Europe.
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