Cet article date de plus de huit ans.

Italie : le mouvement «Cinq Etoiles» perd son théoricien

Homme de l’ombre, Gianroberto Casaleggio, cofondateur avec Beppe Grillo du mouvement Cinque Stelle (cinq étoiles) vient de mourir. Le mouvement populiste qui a bousculé la vie politique italienne vient de perdre son idéologue et son éminence grise. Retour sur l’artisan de la création, ex nihilo, de l’actuel deuxième parti italien.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le cofondateur du mouvement politique italien 5 étoiles vient de mourir à l'âge de 61 ans. (Reuters/ Remo Cassilli)

Si tout le monde connait les coups de gueule de Beppe Grillo, le lyrique tribun du mouvement italien Cinque Stelle, peu de gens ont entendu parler du numéro deux du parti, le très discret Gianroberto Casaleggio mort cette semaine à l’âge de 61 ans. 
 
Son entrée sur la scène publique date du 22 février 2013, lorsque Beppe Grillo le fit monter à la tribune de son meeting romain. Clôturant la campagne des législatives et des sénatoriales il s’était contenté de dire « nous allons changer l’Italie ». Une semaine plus tard Cinque Stelle,  devenait le deuxième parti de la péninsule et envoyait 164 élus au Parlement.
 
Le bouffon et l'idéologue
Ce tandem improbable, le comédien Beppe Grillo et l’homme de l’ombre Gian Roberto Casaleggio a permis, au mouvement 5 étoiles d’obtenir 25,5% des voix et 163 parlementaires élus en février 2013. Devenant ainsi dès son baptême électoral, la deuxième force politique italienne derrière le parti démocrate de Mattéo Renzi.
 
Aux médias, il préférait les réseaux sociaux et l’internet dont il était un spécialiste. De l’avis même de ses adversaires, Gianroberto Casaleggio à été le premier à théoriser l’action politique en ligne, la démocratie directe en réseau, la participation des citoyens à l’écriture des lois, le vote consultatif sur internet, le contrôle des votes des députés italiens et européens, le financement participatif  du parti.
 
C’est également à la Toile qu’il confiait son espoir de l’avènement d’une nouvelle classe politique contrôlée par les citoyens internautes.
 
«Casaleggio a donné une riposte à la crise du rapport entre citoyens et politiques et beaucoup d’italiens l’ont compris» à commenté Rosy Bind, le président de la commission parlementaire anti-mafia.
 
Pour le maire de Parme Federico pizzaroti : «Il a laissé un rêve, avec lequel il a construit un projet politique dont le pays avait et à encore absolument besoin. Un projet que nous devons à notre tour porter avec conviction.»
 
Mais son goût pour la démocratie directe ne doit pas cacher l’idéologue et l’organisateur, «Gianroberto Casaleggio tenait le parti d’une main de fer, c’est lui qui décidait de la ligne, des candidatures, des exclusions » écrivait au lendemain de sa mort le quotidien italien, il Messagero.
 
Avec Beppe Grillo, il a accompagné la difficile transition d’un mouvement populiste d’opposition vers l’exercice direct du pouvoir, avec la gestion effective de 16 villes du pays dont Livourne et Parme. Avec plus ou moins de réussite d’ailleurs.  
 

Beppe Grillo et Luigi Di Maio, 29 ans, nouvel homme fort du mouvement politique italien 5 étoiles.   (AFP/ Andreas Solaro)

Dans ces 16 communes italiennes gérées par le M5S, les élus ont permis aux citoyens de choisir eux-mêmes l'affectation d'une partie des impôts. Le millier d'élus du mouvement (Parlement européen, parlement national et collectivités locales) renonce depuis deux ans à la moitié de son salaire. Cela a permis de recueillir quelque 10 millions d'euros, qui ont été intégralement reversés à de petites entreprises sous forme de micro-crédit.

Le mouvement 5 étoiles revendique un soutien renforcé aux petites entreprises par le micro-crédit et un revenu citoyen de 790 euros par mois pour éviter à 9 millions d'italiens de passer sous le seuil de pauvreté. Mais son combat principal reste la lutte contre la corruption de la classe politique italienne, avec une réduction du nombre de sénateurs.

Les positions du mouvement 5 étoiles ont beaucoup évolué depuis 2013. Alors que Gianroberto Casaleggio était pour une sortie de l’euro le plus vite possible, le nouvel homme fort du parti, Luigi Di Maio se montre beaucoup plus prudent sur cette question. A 29 ans Luigi di Maio, le plus jeune vice-président de la Chambre des députés de l'histoire italienne et nouveau visage du mouvement, est promis à à un bel avenir.
 
 
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.