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Italie : 20.000 migrants sauvés au large de Lampedusa
Le chef de la Marine nationale italienne vient de dresser le bilan de «Mare nostrum», l’opération de surveillance des côtes. Près de 20.000 vies ont été sauvées depuis octobre 2013. Selon lui, il n’y a pas plus de candidats à l’immigration clandestine, il y a juste moins de morts.
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Octobre 2013. Coup sur coup, deux naufrages provoquent la mort de 400 migrants clandestins près des côtes de l’île de Lampedusa. L’Italie décide alors de renforcer son dispositif de surveillance et, le 15 octobre 2013, présente Mare Nostrum.
Cinq navires ont été déployés, deux frégates et deux patrouilleurs, plus un navire amphibie assurant les urgences médicales. Dans les airs, la surveillance était assurées par des hélicoptères et des avions équipés d’appareils à vision nocturne. Des drones ont même servi à scruter la mer.
En moyenne 1500 soldats ont été mobilisés. Le coût de la mission a été estimé à 9 millions d’euros par mois, entièrement financée par le ministère de la Défense qui a rogné sur les manœuvres navales.
Au final, le résultat est à la hauteur de l’effort. Au 18 avril, 18.546 migrants ont été récupérés en mer. Leur nombre ne cesse d’augmenter. Entre 2012 et 2013, il a fait un bon de 224%, en raison notamment de l’instabilité géopolitique en Syrie ou en Egypte.
Dans le même temps, l’amiral De Giorgi a réfuté les critiques de la droite qui accuse le gouvernement d’ouvrir les portes aux migrants, Selon l’amiral, «il n’y a pas davantage d’immigrés, il y a simplement moins de morts». Ainsi, depuis le 15 octobre 2013, il n’y a eu aucune noyade.
Mais cet exercice d’auto-satisfecit est là aussi pour parer aux accusations des ONG comme Migreurop. Sa cofondatrice, Claire Rodier, citée par Slate.fr parle d’une opération répressive, sous couvert d’opération humanitaire. La mortalité migratoire a augmenté car les clandestins cherchent des passages plus dangereux encore.
Quant au bilan présenté comme un succès, il n'est juste que le fruit d'un glissement sémantique. Aujourd’hui, selon Claire Rodier, on parle de sauvetages. Hier, il s’agissait d’interpellations...
Enfin, la déclaration de l’amiral fait curieusement écho à l’appel lancé 24 heures auparavant par le gouvernement italien à l’aide européenne. Les autoritées italiennes semblaient se déclarer débordées par l’afflux d’immigrés, 4000 personnes ont été secourues en deux jours. Le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano parlait d’une pression migratoire très forte. «Entre 300 et 600.000 migrants» au départ de la Libye sont prêts à rejoindre l’Europe.
Agiter le chiffon rouge, et montrer en même temps sa compétence. Voilà semble-t-il la ligne adoptée par le gouvernement italien. Une manière d’essayer de convaincre les autres Etats membres de l’Union de partager enfin le fardeau de l’immigration clandestine.
Sur l’île de Lampedusa, les centres d’accueil sont pleins. C’est la seule réponse apportée pour l’heure à la pression migratoire.
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