Nids-de-poule, travées rouillées, béton dégradé… En Moselle, le pont de Petite-Rosselle tombe en ruine
Une mission sénatoriale évalue l'état des ponts français, à la suite de l'effondrement du pont Morandi, à Gênes. En Moselle, le pont de Rosselmont, à Petite-Rosselle, est particulièrement abîmé.
Les ponts français sont-ils sécurisés ? Après le drame du pont Morandi, qui s'était écroulé à Gênes (Italie), le 14 août 2018 et qui avait fait 43 morts, le gouvernement français a publié une liste des ponts les plus à risque sur le territoire. Parmi les ouvrages les plus fragiles, celui de Rosselmont, à Petite-Rosselle (Moselle).
Il est interdit aux véhicules de plus de 3,5 tonnes, car il est aujourd'hui très endommagé. Et pour cause, cela fait 70 ans qu'on lui roule dessus. Gaëtano Cigna, le premier adjoint au maire chargé de l'urbanisme constate l'usure du temps : "La chaussée est fortement dégradée, il y a des nids-de-poule, un enrobé qui est irréparable, une main courante rouillée qui va devenir de plus en plus dangereuse. Le plus gros des dégâts se trouvent en-dessous et c'est justement ce qui a mené à la limitation des 3,5 tonnes." Petite-Rosselle a été le lieu du premier déplacement de la mission sénatoriale sur la sécurité des ponts, mise sur pied après l'accident de Gênes.
Si un camion de 20 tonnes passait, il pourrait y avoir une rupture subite du pont.
Gaëtano Cigna, 1er adjoint de Petite-Rosselleà franceinfo
Un millier de véhicules l'empruntent chaque jour. En bas, il y a une ancienne voie ferrée et une piste cyclable. Il y a un an, la commune a fait poser un grand filet de sécurité sous le pont, pour éviter des chutes de pierres sur les promeneurs. Les grands piliers qui soutiennent la structure sont aussi dans un état inquiétant : "Ce sont surtout des dégradations de béton, explique l'élu. Les ferrailles sont aussi entamées, mais le plus gros des problèmes est sur la travée centrale, il y a de la dégradation avec du béton qui est parti, de la ferraille qui est rouillée et à certains endroits elle est carrément rompue."
La commune en appelle à l'État
Alors quand ils passent dessous, les habitants ne traînent pas : "Je prends mes jambes à mon cou. C'est vrai que ça devient dangereux, peut-être qu'ils attendent qu'il y ait un ou deux blessés et puis là l'État fera quelque chose. Parce que je crois que la mairie de Petite-Rosselle n'a pas les moyens, c'est ça ?"
Pour la commune, ce pont appartient à l'État depuis la fermeture des mines de charbon dans le bassin. Mais surtout elle a fait ses calculs, le reconstruire coûterait plus d'un million d'euro. Alors Gaëtan Cigna imagine un autre projet : "C'est de détruire ce pont, d'installer une buse, une sorte de tunnel, dans laquelle les cyclistes pourraient passer et de remblayer au-dessus. Ensuite, sur le remblai, on construit la route. La sécurité des gens est en jeu !"
Coût total : 550 000 euros. La mairie peut investir 180 000 euros, elle attend de la communauté d'agglomération et de l'État qu'ils financent le reste. La commune a alerté le préfet du département dès 2017 sur la dangerosité du pont. Mais le drame de Gênes n'a pas fait accélérer le dossier. La sous-préfète de Forbach, Claude Dulamon, assure toutefois qu'elle apportera un soutien financier rapidement : "C'est une aide de la dotation d'équipements des territoires ruraux, le minimum c'est 20%, ce sera cette année, sans aucun doute." La commune de Petite Rosselle espère commencer les travaux dès le mois d'avril.
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