Irak : le marché du siècle ?
La ministre du commerce extérieu, Nicole Bricq, s'est rendue à Bagad pour tenter d'encourager les échanges entre les entreprises françaises et l'Irak. Un pays en pleine reconstruction, et qui a les moyens.
Pour un chef d'entreprise français qui arrive à Bagdad, la première
image de la capitale irakienne, ce sont ces T Wall, les murs anti-bombes formés
de pans de béton armé de trois mètres de haut et censés contenir le souffle
d'une explosion. Ils bordent la route qui mènent de l'aéroport au centre de
Bagdad, longent les rues, les avenues, encadrent la multitude de points de
contrôle qui quadrillent la ville.
Un décor devenu presque banal pour Henry, un ingénieur
français, qui depuis quatre ans, vient
presque chaque mois à Badgad. "Je
n'ai pas le choix, les compagnies d'assurance exigent que l'on fasse appel à
une société de sécurité privée. Après soit c'est une formule discrète, soit
c'est gilet pare-balles, casque lourd et voiture blindée. Mais de toute façon on
ne sort de la voiture que pour aller à nos rendez-vous ", raconte-t-il.
A ECOUTER ►►► Bagdad, entre le commerce et les bombes
Depuis le début de l'année l'Irak replonge dans la
violence la plus sanglante. Des attentats quasi quotidiens visant tour à tour
sunnites et chiite lors de funérailles, dans des stades de foot, des cafés et même
des écoles ont fait en tout 5.000
morts.
Près de deux ans après le départ des derniers soldats américains, l'Irak est un pays à reconstruire. Les besoins de cette reconstruction sont évalués à 600 milliards de dollars, de quoi aiguiser les appétits des grandes entreprises. Problème : le pays replonge peu à peu dans la violence.
Pourtant l'Irak attire les entreprises françaises
L'Irak est un pays de 32 millions d'habitants où tout
est à reconstruire : réseaux d'eau, d'électricité, de transports. Et
surtout, grâce à sa manne pétrolière, l'Irak a les moyens de payer. Avec le
soutien du ministère français du Commerce extérieur, 21 sociétés françaises
sont donc venues faire leur promotion à la foire internationale de Bagdad qui
s'est ouverte le 10 octobre.
Pierre Luneau, le patron de la Sencora, une PME
spécialisée dans l'assainissement, considère que le jeu en vaut la chandelle :
"Tout l'Irak est à reconstruire, c'est une motivation suffisante pour
voir ce que l'on peut faire ici ", estime le patron qui vient de remporter
un contrat de 42 millions de dollars pour la construction d'une station
d'assainissement.
Thales, le groupe d'aérospatiale et de défense, mise
lui aussi beaucoup sur l'Irak, tout comme Lafarge ou encore Alstom, très bien
placé pour remporter le contrat d'une ligne de train à grande vitesse entre Bagdad
et Bassorah. Un contrat potentiel de dix milliards de dollars.
Peu d'expatriés
Pourtant, Eiffage, qui vient de remporter la construction
du toit du stade de Nassyriah, fera appel à des partenaires locaux et refuse
pour l'instant d'envoyer des expatriés français en Irak. "Le coût
de la sécurité est telle que cela pèserait sur la compétitivité ",
assure-t-on dans le groupe. Voiture blindée, protection rapprochée..., ces dispositifs
de sécurité "classiques" en Irak coûtent de 2.000 à 6.000 euros par
jour.
D'ailleurs, les sociétés de sécurité privées fleurissent
à Bagdad. L'une d'elles est dirigée par un Français, Cyril Peguilhan :
"Nous sommes installés depuis quatre ans, avec un millier de salariés, on
travaille pour 80 % des entreprises du CAC 40 qui viennent en Irak ". Le business
de la sécurité privée ... il est peut-être bien là le marché du siècle en Irak.
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