Les Jawaras, minorité ethnique au bord de l'extinction
Le 18 avril sort le documentaire "Nous sommes l’Humanité" d’Alexandre Dereims, qui montre pour la première fois la vie des Jarawas, menacés d’extinction.
Safaris humains, kidnappings, braconnage … Menacé par des pratiques abjectes, le peuple jarawa est au bord de l’extinction. Ayant toujours refusé tout contact avec l’extérieur, ils n’avaient jamais acceptés d’être filmés. Pour la première fois, le réalisateur Alexandre Dereims a pu les rencontrer pour les besoins de son documentaire, "Nous sommes l’Humanité", en salles le 18 avril.
Une minorité ethnique isolée du monde pendant 70 000 ans
Les Jarawas sont un peuple afro-asiatique vivant sur les îles Andaman, situées dans l’Océan Indien au sud de la Birmanie et appartenant à l’Inde. Noirs de peau, ils forment une minorité ethnique au coeur du continent. Ils feraient partie des premières migrations à avoir quitté l’Afrique, il y a 70 000 ans, selon Alexandre Dereims: "À l’époque, des côtes birmanes à la Papouasie, c’était un seul continent, le niveau de l’eau étant beaucoup plus bas (…) Quand l’eau est montée, les Jarawas se sont trouvés isolés du monde pendant 50 000 ans."
La volonté de l’Inde d’utiliser les îles Andaman, notamment pour y créer des bases militaires, les vagues d’immigrations et l’afflux de touristes depuis les années 1980 ont mis fin à l’isolement des Jarawas. Depuis, la population a fortement diminué. Aujourd’hui, les Jarawas ne sont plus que quatre cents. Leur mode de vie et leur culture sont en péril.
Sur l’archipel des îles Andaman, d’autres peuples afro-asiatiques ont déjà disparus, comme les Grands Andamanais, massacrés par les Anglais, et les Onges, assimilés de force par l’État indien.
Un peuple en danger et victime d’un "tourisme abject"
Alexandre Dereims dénonce l’attitude des touristes à l’encontre des Jarawas. Escortés par l’armée indienne, des convois de riches touristes en 4x4 empruntent la route qui traverse le territoire jarawa, avec pour objectif de "prendre des photos de Jarawas et de leur lancer des bananes". C’est ce que montre une vidéo filmée par un policier indien et sortie par un journaliste du Guardian en 2012.
Pour les Jarawas, le contact avec l’extérieur les exposent aux épidémies et à la violence. Le réalisateur explique : "Il y a des femmes jarawas qui ont été kidnappées, qui ont été violées, il y a des Jarawas qui ont été enlevés pour travailler de force, il y a des enfants qui sont morts parce qu’on leur a donné des mauvais médicaments".
Le braconnage menace aussi de priver les Jarawas de leur source de nourriture. Ils sont même sortis de leur territoire à plusieurs reprises afin de se plaindre aux autorités indiennes locales. Pour Alexandre Dereims, c’est la preuve de la volonté de ce peuple farouche d’exprimer "leurs griefs et leur désir d’autodétermination".
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