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La vente de Rafale à l’Inde: les dessous d’une très longue négociation
Jusqu'à la dernière minute, les Français ont retenu leur souffle tant le contrat pour la vente de 36 chasseurs Rafale à l'Inde, signé le 23 septembre 2016, a donné lieu à un important suspense. Et à de multiples rebondissements. Bilan de presque 10 ans de discussions pour un accord à 8 milliards d’euros: «Les Indiens sont de redoutables négociateurs»…
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Temps de lecture : 5min
«L'Inde, c'est une école de patience», résume le PDG du groupe aéronautique Dassault, Eric Trappier, qui a suivi la négociation de bout en bout depuis l'appel d'offres colossal lancé par l'Inde pour 126 appareils en 2007. «Les Indiens sont franchement redoutables comme négociateurs», renchérit un diplomate français au fait de tous les dédales du dossier.
Fin 2014, les discussions patinent sur les garanties techniques réclamées par l'Inde pour les appareils qui seront assemblés localement. «On a fini par dire: ça suffit !», raconte une source gouvernementale française.
En avril 2015, l'espoir renaît. L'Inde est alors pressée par les besoins criants de son armée de l'air. Et laisse entendre qu'elle est prête à acheter des Rafale «clef en mains» en France plutôt que de continuer à négocier en vain un contrat de 126 appareils.
Le tournant
Tout se joue lors d'une visite du nouveau Premier ministre indien Narendra Modi dans l’Hexagone. Le 9 avril, la délégation indienne débarque à 23h à Paris et est aussitôt reçue à l'Elysée. Les Indiens «nous parlent (alors) de 36 appareils et nous demandent de leur dire le lendemain comment on voit les choses», se souvient-on dans l'entourage du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Toute la nuit, les conseillers du ministre et l'industriel planchent sur une offre. Le lendemain matin, le président François Hollande est «briefé» juste avant son entretien avec Narendra Modi. Mais durant toute la discussion, ce dernier ne dit rien sur le Rafale… Suit un déjeuner, en présence de plusieurs ministres, au cours duquel Jean-Yves Le Drian tente en vain de mettre le sujet sur la table. «Remets le couvert», lui souffle le chef de l’Etat français dans un petit mot écrit.
Le Premier ministre indien reste impassible jusqu'à bout. A la conférence de presse finale, il finit par lâcher, au grand soulagement de ses hôtes: «J'ai demandé (..) (aux Français, NDLR) de nous fournir 36 Rafale clef en mains», annonce-t-il.
La négociation reprend ensuite ses droits. En tout, Jean-Yves Le Drian s’est rendu huit fois en Inde entre 2013 et 2016. Dans son entourage, les réunions de suivi hebdomadaires se succèdent. A l'automne 2015, «on estimait qu'on avait un accord», se souvient un diplomate français. Mais les Indiens continuent à soumettre des demandes, à la surprise générale.
Lorsque le président François Hollande arrive en visite d'Etat à New Delhi en janvier 2016, l'accord intergouvernemental (AIG) encadrant la transaction est déjà bien avancé. Mais pas encore finalisé…
Survient le moment de signer un document constatant que la négociation est «stabilisée». Et là, coup de théâtre. Les Indiens «nous disent: ‘‘On est d'accord sauf sur ça, ça, ça...’’», se souvient-on dans l'entourage de Jean-Yves Le Drian. «On a dit ‘‘non’’ et écrit un texte en quinze minutes, que les deux ministres (de la Défense) ont signé, disant qu'il y avait là (les bases) d'un AIG», affime-t-on de source gouvernementale à Paris.
A partir de là, il ne reste plus qu'à arrêter le prix. «Début avril, Le Drian écrit à son homologue que le prix négocié est objectivement bon».
L'accord est dans sa dernière ligne droite, Mais les longues procédures contractuelles indiennes retardent encore l'heureuse issue jusqu'en septembre. «Ils ont l'exigence normale d'un partenaire qui veut avoir la garantie de ses engagements. Il n'y a rien à leur reprocher (...). Mais quand c'est terminé, on est content», a constaté, tout sourire, Jean-Yves Le Drian, l'encre tout juste sèche sur le contrat à New Delhi.
Pakistan et Chine?
Dans la presse indienne, on se réjouit de la signature de ce contrat. Equipées du Rafale, les forces aériennes indiennes pourront «frapper des cibles à la fois au Pakistan et au-delà des frontières nord et est (de l’Inde), tout en restant à l’intérieur du pays», fait valoir le site thequint.com.
Les objectifs sont donc très clairement affichés : le Pakistan (nommément cité) et la Chine. Problème : «L’Inde a besoin d’autre chose que des Rafale pour rattraper» Pékin, constate The Times of India, citant une dépêche AFP…
Fin 2014, les discussions patinent sur les garanties techniques réclamées par l'Inde pour les appareils qui seront assemblés localement. «On a fini par dire: ça suffit !», raconte une source gouvernementale française.
En avril 2015, l'espoir renaît. L'Inde est alors pressée par les besoins criants de son armée de l'air. Et laisse entendre qu'elle est prête à acheter des Rafale «clef en mains» en France plutôt que de continuer à négocier en vain un contrat de 126 appareils.
Le tournant
Tout se joue lors d'une visite du nouveau Premier ministre indien Narendra Modi dans l’Hexagone. Le 9 avril, la délégation indienne débarque à 23h à Paris et est aussitôt reçue à l'Elysée. Les Indiens «nous parlent (alors) de 36 appareils et nous demandent de leur dire le lendemain comment on voit les choses», se souvient-on dans l'entourage du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Toute la nuit, les conseillers du ministre et l'industriel planchent sur une offre. Le lendemain matin, le président François Hollande est «briefé» juste avant son entretien avec Narendra Modi. Mais durant toute la discussion, ce dernier ne dit rien sur le Rafale… Suit un déjeuner, en présence de plusieurs ministres, au cours duquel Jean-Yves Le Drian tente en vain de mettre le sujet sur la table. «Remets le couvert», lui souffle le chef de l’Etat français dans un petit mot écrit.
Le Premier ministre indien reste impassible jusqu'à bout. A la conférence de presse finale, il finit par lâcher, au grand soulagement de ses hôtes: «J'ai demandé (..) (aux Français, NDLR) de nous fournir 36 Rafale clef en mains», annonce-t-il.
La négociation reprend ensuite ses droits. En tout, Jean-Yves Le Drian s’est rendu huit fois en Inde entre 2013 et 2016. Dans son entourage, les réunions de suivi hebdomadaires se succèdent. A l'automne 2015, «on estimait qu'on avait un accord», se souvient un diplomate français. Mais les Indiens continuent à soumettre des demandes, à la surprise générale.
Lorsque le président François Hollande arrive en visite d'Etat à New Delhi en janvier 2016, l'accord intergouvernemental (AIG) encadrant la transaction est déjà bien avancé. Mais pas encore finalisé…
Survient le moment de signer un document constatant que la négociation est «stabilisée». Et là, coup de théâtre. Les Indiens «nous disent: ‘‘On est d'accord sauf sur ça, ça, ça...’’», se souvient-on dans l'entourage de Jean-Yves Le Drian. «On a dit ‘‘non’’ et écrit un texte en quinze minutes, que les deux ministres (de la Défense) ont signé, disant qu'il y avait là (les bases) d'un AIG», affime-t-on de source gouvernementale à Paris.
A partir de là, il ne reste plus qu'à arrêter le prix. «Début avril, Le Drian écrit à son homologue que le prix négocié est objectivement bon».
L'accord est dans sa dernière ligne droite, Mais les longues procédures contractuelles indiennes retardent encore l'heureuse issue jusqu'en septembre. «Ils ont l'exigence normale d'un partenaire qui veut avoir la garantie de ses engagements. Il n'y a rien à leur reprocher (...). Mais quand c'est terminé, on est content», a constaté, tout sourire, Jean-Yves Le Drian, l'encre tout juste sèche sur le contrat à New Delhi.
Pakistan et Chine?
Dans la presse indienne, on se réjouit de la signature de ce contrat. Equipées du Rafale, les forces aériennes indiennes pourront «frapper des cibles à la fois au Pakistan et au-delà des frontières nord et est (de l’Inde), tout en restant à l’intérieur du pays», fait valoir le site thequint.com.
Les objectifs sont donc très clairement affichés : le Pakistan (nommément cité) et la Chine. Problème : «L’Inde a besoin d’autre chose que des Rafale pour rattraper» Pékin, constate The Times of India, citant une dépêche AFP…
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