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Hollande en Inde : le GIGN formera les unités anti-terroristes indiennes

La visite de François Hollande en Inde sera en partie consacrée à la finalisation d'un important contrat militaire, mais la lutte contre le terrorisme islamiste qui touche les deux pays sera au centre des discussions avec le premier ministre Narendra Modi. En la matière l'Inde et la France ont beaucoup à s'apporter affirme Vaiju Naravane journaliste et écrivaine indienne.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le premier ministre indien et le président français en avril 2015. L'inde à longtemps apprécié la diplomatie non atlantiste de la France.  (AFP/Mustapha Yalcin/ Anadolu Agency)
La visite du président français en Inde, semble dominée par des questions économiques. Quelles sont les autres dimensions de ce voyage ?
Certes, il y a un grand contrat militaire en jeu, celui des rafales et les deux pays vont tenter de pousser leurs relations économiques. Mais il y a un volet politique et géostratégique très important. C’est un nouveau président Hollande qui se rend en Inde. Paris a été frappé par des attaques terroristes, qui ressemblent énormément  à ceux qu’à connu Bombay en 2008. Que les Français voyaient à l’époque comme une querelle  indo-pakistanaise, alors qu'aujourd’hui la France réalise que c’est un problème de terrorisme international, avec lequel le Pakistan est étroitement lié.
Il y a de nombreux français radicalisés qui vont s’entraîner dans les camps pakistanais. Les djihadistes pakistanais sont en Afghanistan et sont proches des talibans. L’Inde suit tout cela de très près.
De leur coté les Indiens s’inquiètent des loups solitaires qui viennent de l’occident. Mohamed Merah projetait une attaque contre l’ambassade d’Inde en France. Cela rend nécessaire un vrai échange d’information, mais pas seulement, le GIGN va former les unités anti-terroristes indiennes. Des troupes françaises vont défiler le jour de l’indépendance de l’Inde. Bien que symbolique, le geste est très important.

Pourtant, il y a peu les leaders indien et pakistanais Narendra Modi et Nawaz Sharif se serraient dans les bras?
C’est difficile à comprendre pour les occidentaux, mais Il faut distinguer la politique du gouvernement civil pakistanais, et l’armée pakistanaise. Cette dernière ne supporte pas que la politique étrangère et les affaires stratégiques soient menées par  les civils. Le vrai pouvoir au Pakistan reste aux mains des militaires. Dès qu’il y a un rapprochement entre les gouvernements indiens et pakistanais, des groupuscules comme Jaish-e-Mohammmed ou Lashka e Toiba, soutenus par l’armée pakistanaise, entrent en action pour torpiller toute  réconciliation. Le 2 janvier, une semaine à peine après la rencontre entre Narendra Modi et Nawaz Sharif, il y a eu cette attaque contre une base aérienne indienne située non loin de la frontière pakistanaise. Le 3 janvier 2016, nouvelle attaque contre le consulat indien à Mazar et Sharif dans le nord de l’Afghanistan. L’armée pakistanaise doit justifier son emprise sur le pouvoir, et ne peut le faire sans un ennemi  extérieur. Et cet ennemi c’est l’Inde.

L'attaque terroriste contre l'hôtel Taj Mahal le 29 novembre 2008. Une série d'attaque dénommée le 11 septembre indien avait fait 188 morts et 212 blessés. (AFP/Pedro Ugarte)

La France et l’Inde ont toujours entretenu des relations d’amitiés. Pourquoi ?
Les indiens ont toujours apprécié la France, pour sa politique étrangère indépendante, notamment sous de Gaulle. Avec les Etats-Unis, il y a une relation forte, mais jamais sûre. Avec les britanniques c’est compliqué à cause de la colonisation. La France a été très compréhensive sur les essais nucléaires indiens, et les indiens ne l’ont jamais oublié. La France est également un soutien dans la perspective encore lointaine d’un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.

L’Inde peut elle rivaliser avec la Chine et devenir la grande puissance émergente asiatique. ?
Le premier ministre Modi a beaucoup d’ambitions pour le pays. Il voudrait que l’Inde profite du relatif déclin chinois. L’Inde a un taux de croissance de 7,5% supérieur à la croissance chinoise. Mais il reste beaucoup à faire. La bureaucratie est trop lourde, les infrastructures et les routes sont insuffisantes, les ports ne sont pas modernisés. Un géant comme l’Inde ne peut pas changer du jour au lendemain. Il faudra du temps pour pouvoir rivaliser avec la Chine.

L’inde redoute-t-elle la puissance chinoise ?
La Chine et l’Inde ouvrent leurs marchés et dialoguent sur le tracé des frontières, mais Delhi a peur des tendances expansionnistes de Pékin. Le projet chinois de trouver un déboucher sur la  l’Océan indien, et ne plus seulement dépendre de Shanghai, inquiète les indiens. Pékin veut établir un oléoduc et des routes à travers le Sichuan vers le Pakistan. La Chine investit 46 milliards dans un nouveau projet nommé «la nouvelle route de la soie» qui comporte la construction d'un port en eau profonde à Gwaidar à coté de Karachi, et à Colombo au Sri Lanka. Avec la mainmise croissante sur le Myanmar (Birmanie), la chine construit sa stratégie du collier de perle pour contenir l’Inde.

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