Cet article date de plus de treize ans.

Il n'y aura "pas d'impunité", a promis dimanche soir Guillaume Soro, à la suite des massacres signalés dans l'ouest

"Nous allons mener des enquêtes et ceux qui seront responsables -parce que nous voulons un Etat de droit- seront punis", a promis le Premier ministre d'Alassane Ouattara dans une interview sur la chaîne internationale francophone TV5monde.Le secrétaire général de l'Onu a demandé au camp Ouattara de prendre des mesures contre les auteurs de tueries.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Des membres des forces d'Alassane Ouattara à Duékoué (ouest de la Côte d'Ivoire), le 29 mars 2011 (AFP / Zoom Dosso)

"Nous allons mener des enquêtes et ceux qui seront responsables -parce que nous voulons un Etat de droit- seront punis", a promis le Premier ministre d'Alassane Ouattara dans une interview sur la chaîne internationale francophone TV5monde.

Le secrétaire général de l'Onu a demandé au camp Ouattara de prendre des mesures contre les auteurs de tueries.

Selon l'Onu et plusieurs organisations internationales, la prise de Duékoué -important carrefour de l'Ouest ivoirien- par les combattants pro-Ouattara s'est accompagnée de massacres à grande échelle, les bilans allant de 330 tués à un millier de "morts ou disparus".

Le camp Ouattara a rejeté ces accusations et dit avoir diligenté une enquête. Réagissant à des accusations d'exactions commises vendredi par les troupes pro-Ouattara dans cette ville stratégique, Guillaume Soro a "condamné fermement la légèreté avec laquelle ces organisations (...) aient choisi d'incriminer les forces républicaines de Côte d 'Ivoire ". "Je les aurais entendues et même comprises si ces organisations avaient demandé des investigations, une commission d'enquête internationale", a-t-il poursuivi.

Selon lui, depuis le mois de décembre, alors que les forces pro-Ouattara n'étaient pas encore à Duékoué, à Guiglo et à Toulépleu, "tout le monde avait déjà signalé des massacres à l'ouest de la Côte d'Ivoire du fait de la présence des mercenaires libériens et de milices organisées pro-Gbagbo".

Par ailleurs, l'organisation Médecins sans Frontières (MSF) s'inquiète du nombre de nouveaux blessés qui affluent vers les structures médicales dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. C'est le signe que "les violences continuent dans la zone", a estimé Médecins sans frontières dimanche dans un communiqué. Tandis que le matériel médical et les médicaments commencent à manquer, les violences "rendent l'accès aux blessés difficile", explique MSF. "Alors que les combats entre forces armées sur les principales villes de l'ouest ont pris fin depuis le 31 mars, de nouveaux blessés continuent d'affluer à Danané, Man et Bangolo", ajoute-t-elle.

"Le nombre de nouveaux blessés est extrêmement inquiétant et indique que des violences continuent dans cette zone. Les tensions intercommunautaires sont extrêmement vives et les violences sont présentes et graves", insiste le responsable des urgences de MSF, Renzo Fricke, cité dans le communiqué.

Des centaines de morts à Duékoué
Vendredi soir, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a créé un choc en annonçant, sur la base d'informations recueillies sur place, qu'"au moins 800 personnes" avaient été tuées à Duékoué mardi, jour où la ville a été prise par les forces d'Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle du 28 novembre par de nombreux pays. Chiffre repris par la suite par les Nations unies.

La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), qui évoque des massacres, avance également un bilan de "plus de 800 personnes exécutées". "Des témoignages confirment des exécutions ciblées d'individus, notamment d'ethnie Guéré, le 29 mars dans le quartier Carrefour", indique l'organisation dans un communiqué. Ces tueries comptent parmi les plus graves depuis une décennie de crise politico-militaire.

Alassane Ouattara a démenti une nouvelle fois les accusations selon lesquelles ses partisans auraient participé au massacre de vendredi dans la ville de Duékoué, lors d'une conversation téléphonique avec Ban Ki -Moon. Il a déclaré qu'il avait demandé une enquête sur ces faits.

Des dizaines de milliers de personnes fuient les combats à Duékoué
Selon le CICR, qui a son siège à Genève, "des dizaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants" ont fui les combats et les pillages qui se sont déroulés à Duékoué (ouest de la Côte d'Ivoire) depuis le lundi 28 mars. La ville et ses environs ont déjà été durement touchés à plusieurs reprises par les violences.

Important carrefour stratégique de l'Ouest, Duékoué est contrôlée depuis le mardi 29 mars par les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, à l'issue de deux jours de combats avec les militaires et miliciens fidèles au président sortant Laurent Gbagbo.

Les agences humanitaires de l'Onu s'étaient dites particulièrement inquiètes vendredi matin du sort de dizaines de milliers de déplacés qui ont trouvé refuge à la mission catholique de cette ville. "Selon un prêtre (de la mission, NDLR) la majorité des déplacés n'ont pas mangé depuis deux jours et quelque 80.000 rations alimentaires sont nécessaires d'urgence ainsi que des ustensiles de cuisine", avait souligné une porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Toujours d'après ce prêtre, il y a aussi un besoin urgent d'enlever des corps qui gisent dans les rues de la ville et à proximité de la mission. Les personnes déplacées ont notamment besoin de matériel médical: parmi elles se trouvent des blessés dont des femmes touchées par des balles perdues. Selon l'OIM, des milliers de déplacés qui ont fui Duékoué ces derniers jours en direction de Guiglo se trouvent actuellement "le long de la route, craignant pour leurs vies".

Lire aussi

>>

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.