Hiroshima rêve d'un monde dénucléarisé dans 11 ans
Le maire d'Hiroshima, ville martyre de l'ouest du Japon, a appelé jeudi à l'abolition des armes nucléaires d'ici à 2020Le maire d'Hiroshima, ville martyre de l'ouest du Japon, a appelé jeudi à l'abolition des armes nucléaires d'ici à 2020
Tadatoshi Akiba s'exprimait pour le 64e anniversaire de la première attaque atomique de l'histoire, perpétrée le 6 août 1945 par l'armée américaine. Entre ce jour et le 31 décembre 1945, 140.000 morts furent dénombrés.
50.000 personnes, dont des survivants de la bombe larguée par l'avion "Enola Gay", se sont réunies au mémorial dédié aux victimes.
Le Premier ministre japonais Taro Aso et des représentants d'une soixantaine de pays assistaient à la cérémonie d'hommage.
Hommage appuyé à Obama
Tadatoshi Akiba, le maire d'Hiroshima, a fait l'éloge du président américain Barack Obama pour ses positions antinucléaires, lors de son discours prononcé à quelques mètres du "Dôme de Genbaku", un ancien hall d'exposition, dont il ne reste plus que la carcasse calcinée et qui fût le seul bâtiment à rester debout près de l'endroit où la bombe explosa au matin du 6 août 1945.
Le maire a rappelé les propos du président Obama, qui a souligné qu'en tant que seule puissance nucléaire ayant eu recours à l'arme suprême, les Etats-Unis avaient "la responsabilité morale d'agir" pour parvenir à un monde dénucléarisé. "L'abolition des armes nucléaires est le souhait non seulement des hibakusha (survivants de la bombe atomique) mais aussi de la majorité des peuples et des nations sur cette planète", a souligné Tadatoshi Akiba. "Nous, la grande majorité dans le monde, nous nous qualifions de 'Obamajorité' et nous appelons le reste du monde à se joindre à nous pour éliminer toutes les armes nucléaires d'ici 2020."
A 8h15 (23h15 GMT), moment précis où la première bombe atomique de l'histoire a explosé au-dessus de la ville, les participants à la cérémonie se sont levés et ont prié en silence à la mémoire des dizaines de milliers de victimes, hommes, femmes, enfants, vieillards, déchiquetés par le souffle de la déflagration ou atrocement brûlés par la chaleur et les radiations. "Je promets à nouveau aujourd'hui que le Japon sera à l'avant-garde de la communauté internationale pour l'abolition des armes nucléaires et la réalisation de la paix éternelle", a dit le Premier ministre Aso à l'issue de la cérémonie.
Trois jours après Hiroshima, le 9 août 1945, les Etats-Unis larguèrent une deuxième bombe sur la ville de Nagasaki, plus au sud, qui fit 70.000 morts. Le Japon accepta la reddition le 15 août et devint par la suite une nation officiellement pacifiste, ainsi que l'un des plus proches alliés des Etats-Unis.
Le gouvernement américain n'a jamais présenté d'excuses pour les victimes innocentes.
Le débat continue sur le bien-fondé de ces attaques nucléaires
Soixante and plus tard, le débat se poursuit entre historiens et hommes politiques pour savoir si les deux attaques atomiques étaient nécessaires pour mettre fin à la guerre ou bien s'il s'agissait surtout de tester un nouvel armement et étudier ses effets sur la population. Selon un sondage rendu public cette semaine par l'université américaine de Quinnipiac (Connecticut, nord-est), près des deux-tiers des Américains continuent de penser que les Etats-Unis ont eu raison de recourir à l'arme atomique.
Morris Jeppson, 87 ans, l'un des membres de l'équipage du bombardier B-29 "Enola Gay" qui largua la bombe sur Hiroshima, a déclaré que même le président de l'époque, Harry Truman, ignorait tout des radiations, dans une interview au quotidien japonais Mainichi Shimbun. Il a toutefois estimé que Barack Obama partait sur "une mauvaise piste" et que son appel était "naïf". Il lui a reproché d'attendre que la plupart des vétérans de la Deuxième Guerre Mondiale aient disparu pour dire que les Etats-Unis ont eu tort d'utiliser la bombe atomique.
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