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Un livre pour revenir sur la crise grecque

Depuis plusieurs années, la crise grecque fait régulièrement la Une de l'actualité. Un livre «Les Grecs contre l'austérité» resitue dans le temps les moments forts de ce feuilleton tragique qui dure depuis plus de cinq ans. Ce livre, engagé, permet aussi de se plonger dans la réalité des difficultés subies par le peuple grec.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Oxi (non) sur le drapeau grec. Des partisans du «non» au référendum sur le projet d'accord avec la Grèce sur la dette, le 29 juin 2015 à Athènes. (CITIZENSIDE/AGGELIKI KORONAIOU / CITIZENSIDE.COM)

Un chiffre, cité dans ce livre, rappelle, s'il en était besoin, l'ampleur de la crise subie par les Grecs. «Le budget de l'éducation est ainsi passé de 7 milliards en 2009 à 4,6 milliards en 2013, soit une baisse de 33% en quatre ans», écrit Marie-Laure Coulmin Koutsaftis dans un hallucinant descriptif des difficultés endurées par les Grecs tout au long de cette crise. Dans les faits, ce recul des dépenses d'éducation – dont on ignore les conséquences à long terme  s'est traduit par la fermeture de «605 établissements, soit 227 écoles primaires, 264 maternelles, 35 collèges et 18 lycées».

Marie-Laure Coulmin Koutsaftis a supervisé Les Grecs contre l'austérité, qui regroupe plusieurs auteurs ayant beaucoup travaillé sur la crise grecque. Parmi eux, on retrouve Romaric Godin, rédacteur en chef à La Tribune, Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, Nikos Smyrnaios, Eric Toussaint qui a analysé la nature de la dette du pays ou Rosa Moussaoui, pour ne citer qu'eux. 

«L'Ordre règne à Athènes. Comme il règne en Europe»
La crise grecque a commencé dans la foulée de la crise des subprimes. Toutes les économies sont secouées, la récession fait exploser les déficits publics. Les pays les plus fragiles sont au bord de la faillite en Europe. Parmi eux, la Grèce est particulièrement touchée. C'est le film de cette chute que raconte ce livre à travers les différentes mesures imposées par l'Union européenne à travers les memoranda. De l'humiliation infligée au Premier ministre Papandreou, qui avait eu l'audace de suggérer un référendum avant d'imposer une austérité radicale en 2011, au renoncement de Tsipras après la victoire du «non» au référendum de 2015.

Le livre regorge de détails sur la réalité de la crise et sur l'ampleur des sacrifices imposés aux Grecs. Mais il s'agit surtout d'un livre critique qui tente de montrer comment les intérêts des uns ont pu faire le malheur des autres. Le procès est particulièrement virulent sur la question de la politique d'austérité imposée à la Grèce et la transformation d'une dette privée (détenue par les grandes banques européennes) en dette publique (détenue par les Etats européens).

Le grand atout de ce petit bouquin (230 pages), malgré un discours parfois trop militant, est de replacer dans le temps les différents épisodes de cette crise interminable, qui revient épisodiquement sur le devant de la scène. Et qui devrait revenir même si, comme l'écrit Romaric Godin, «l'Ordre règne à Athènes. Comme il règne en Europe.» Pour combien de temps ?  

«Les Grecs contre l'austérité»
Sous la direction de Marie-Laure Coulmin Koutsaftis
Editions Le Temps des Cerises
15 euros


  (Le Temps des Cerises)


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