Que veulent dire les chiffres de la dette grecque?
C'est le 11 février 2015 qu'une réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro consacrée au dossier grec se tiendra à Bruxelles. Après la tournée européenne des ministres grecs, Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras, la zone euro et la Grèce sont au pied du mur. La Banque centrale européenne (BCE) a en effet décidé de ne pas faire durer les négociations en finançant à court terme les banques grecques.
Avant les discussions sur l'ampleur de la dette grecque et les moyens pour la Grèce d'y faire face, voici quelques données sur cette dette.
Le poids de la dette
La dette grecque s’élève à plus de 315 milliards d’euros, ce chiffre variant selon les sources. Eurostat parle de 315,5 milliards d’euros à fin septembre 2014; le Fonds européen de stabilité financière (FESF) de 324 milliards d’euros. La dette représente entre 175% et 177% du PIB grec.
A titre de comparaison, le PIB français pèse plus de 2.000 milliards et celui de la zone euro plus de 9.000 milliards.
De nombreux économistes jugent cette dette insoutenable par rapport à l'économie grecque. «D’après les prévisions de la Commission et du FMI, le ratio d’endettement public en Grèce devrait passer de 175% en 2013 à 128% du PIB en 2020. Cependant, les hypothèses sous-jacentes à ce scénario manquent de réalisme : croissance nominale supérieure à 3% en 2015, excédent primaire de 4,5% du PIB entre 2016 et 2019… Etant donné l’ampleur de la dette publique grecque en 2013 et son profil d’amortissement (avec des remboursements atteignant 13 milliards d’euros en 2019 et jusqu’à 18 milliards d’euros en 2039), une nouvelle restructuration semble inéluctable», estime Céline Antonin (OFCE).
Le PIB grec
Le Produit intérieur brut (PIB) grec est passé de 237,42 milliards d’euros à la fin 2009 à 178,8 milliards à la fin du troisième trimestre 2014. Une chute de 25% depuis la début de la crise financière dans la zone euro, «malgré les 240 milliards qui ont été prêtés par l’Europe», relève Stathis Kouvelakis, professeur de théorie politique au King’s College de Londres et membre du comité central de Syriza, cité par Politis.
En chiffres nets, le montant de la dette grecque n’a pas sensiblement évolué. Il est même en recul par rapport au pic de 2011: 355 milliards. Mais en raison de l'effondrement de l'économie grecque, visible dans le recul de son PIB, le ratio de la dette par rapport au PIB ne cesse de progresser. Du fait de la politique d’austérité, dirons les opposants à cette stratégie décidée par les créanciers d'Athènes.
-La BCE possède 10% des titres.
Les dettes dans le monde
La Grèce n'est pas le seul pays à avoir vu sa dette s'envoler depuis le début de la crise. De 2007 à 2014, la dette publique de l’ensemble des pays de l’OCDE est passée de 73 à 112% de leur PIB.
Un revenu qui n'a cessé de baisser
La dette grecque n'a cessé de progresser malgré la politique d'austérité imposée à la Grèce par ses créanciers. Pourtant, les Grecs ont payé cher cette politique. Que ce soit en terme de revenus, de santé, d'emplois...
Pour Henri Sterdyniak, coanimateur des Economistes atterrés, la dette grecque résulte d’«un triple aveuglement : celui des marchés financiers qui ont prêté à la Grèce jusqu’en 2009, sans tenir compte du niveau insoutenable de ses déficits ; celui des classes dirigeantes grecques qui ont profité du bas niveau des taux d’intérêts permis par l’appartenance à la zone euro pour poursuivre une croissance déséquilibrée (bulles financières et immobilières), la corruption, l’évasion fiscale ; celui des institutions européennes.»
Au sommet de la zone euro de trouver une réponse à cette crise, dans le «respect du vote des Grecs» et des «règles européennes», comme l'a dit François Hollande lors de sa conférence de presse, le 5 février 2015.
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