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Pour une zone euro gouvernée par les politiques et non par les financiers

C’est, je crois, Clemenceau qui disait que la «guerre était trop sérieuse pour être confiée à des militaires». Aujourd’hui, on pourrait transposer la formule. La zone euro est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux financiers. C’est du moins le sens d’une tribune publiée par le «Huffington Post» il y a quelques jours. La crise grecque est passée par là.
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Alexis Tsipras à Strasbourg. (EP-2015)

Les premiers mots de ce texte, l’immense gâchis… De fait, ce qui se passe depuis plusieurs années maintenant avec cette crise qui semble rebondir chaque jour, amène à réfléchir. Quid d’une vraie vision à long terme, solidaire, durable pour la gestion de cette zone euro. Un pays dont le PIB n’excède pas les 2% du total de la zone semble entraîner presque un continent, 19 pays, vers l’échec. Où est la volonté politique, où sont les décisions politiques ? Où est la transparence démocratique nécessaire pour que les citoyens adhèrent?

Enfin, ce texte invite à la création d’un véritable contrôle démocratique du fonctionnement de la zone.
C’est pourquoi, députés européens, politiques nationaux mais aussi responsables syndicaux ou de réseaux étudiants français ont signé cette tribune appelant à une véritable gouvernance de la zone euro. Parmi ces signataires, l’eurodéputée d’Europe Ecologie les Verts, Karima Delli.

 
La fin de son propos est claire. Cette réflexion se nourrit d’une forte volonté fédéraliste. Et c’est pourquoi l’on retrouve parmi les signataires les militants du Mouvement européen et leur président l’eurodéputé Jean-Marie Cavada. Son raisonnement dépasse d’ailleurs la géographie de la zone euro et l’histoire du gâchis grec.


Reste que si l’on a en mémoire le tout récent, unique et nécessaire débat qui vient de se tenir au Parlement européen à Strasbourg, on est en droit de se poser quelques questions. La virulence, à la limite de la violence des propos du chef de fil de la droite modérée, l’Allemand Manfred Weber interroge. Et là, il s’agit bien de politique. La Grèce telle qu’elle est représentée aujourd’hui par un mouvement qui remet en cause les fondements d’une politique européenne très, très, libérale est combattue politiquement. Et l’on à peine à croire que le président du groupe du Parti Populaire Européen n’ait pas obéi à quelques ordres venue de Berlin.

Mais la construction d’un espace politique sain est nécessaire si l’on veut s’en sortir.

Il y de cela quelques années maintenant, deux chrétiens démocrates allemands, Karl Lammers et un certain Wolfgang Schäuble, signaient un fameux papier. Ils proposaient à l’époque un espace politique très intégré avec des politiques fiscales et sociales communes, une Union économique et monétaire plus solidaire. C’était il y a 20 ans, l’Europe s’est construite différemment, les hommes aussi ont changé. S'il est aujourd’hui un homme qui n’encourage pas vraiment l’action du gouvernement grec, c’est bien Wolfgang Schäuble.

Et pourtant à l’époque, il était l’un de ceux qui militait pour une Union économique et monétaire bien plus politique. Alors oui, sans doute à une Europe et à une zone euro plus politique.
 
Mais attention. Une construction européenne digne de ce nom ne peut pas fonctionner sans respect des pluralités qui la composent. Le «je ne veux voir qu’une tête» n’est pas la solution.
 
 

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