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Manifestation en Grèce contre un compromis sur le nom de la Macédoine : "Athènes et Skopje ont intérêt à s’entendre le plus vite possible"

Christophe Chiclet, historien et journaliste, est revenu, dimanche pour franceinfo, sur la marche qui a lieu en Grèce. Les Grecs craignent qu’en portant le nom Macédoine, leurs voisins aient aussi l’intention d’annexer une partie du territoire du nord de la Grèce, lui aussi appelé Macédoine.

Article rédigé par franceinfo
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Des prêtres orthodoxes grecs lors d'une manifestation à Athènes, le 4 février 2018, pour exhorter le gouvernement à ne pas faire de compromis dans le conflit avec la Macédoine voisine. (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

Une marche est organisée, dimanche 4 février, à Athènes (Grèce) pour manifester contre le compromis proposé par Alexis Tsipras sur la question du nom de la Macédoine. Depuis 1993, la Macédoine a intégré les Nations Unies sous le nom de "d'Ancienne république yougoslave de Macédoine", mais elle ne peut pas faire partie de l’UE et de l’OTAN. Les Grecs craignent qu’en portant le nom Macédoine, leurs voisins aient aussi l’intention d’annexer une partie du territoire du nord de la Grèce, lui aussi appelé Macédoine. Christophe Chiclet, historien et journaliste, auteur de La République de Macédoine paru chez l’Harmattan et invité, dimanche de franceinfo, analyse le phénomène.

franceinfo : Le mot d’ordre de cette marche c’est de dire que la Macédoine est grecque. Est-ce donc un combat nationaliste ?

Christophe Chiclet : Il faut se souvenir qu’en 1992, il y avait 700 000 personnes dans les rues de Thessalonique, alors que le 21 janvier dernier, il n’y avait que 100 000 personnes. Il se trouve que, pour des raisons politiciennes gréco-grecques et macédo-macédoniennes, les nationalistes des deux bords reprennent un peu du poil de la bête. On a vu dans les manifestations à Thessalonique qu’il y avait essentiellement des militants de la Nouvelle démocratie, donc les conservateurs et les néo-nazis de l’Aube dorée. On voit très clairement que pour l’opposition à Tsipras c’est une occasion d’embêter le gouvernement. Athènes et Skopje [capitale de la Macédoine] doivent trouver une solution le plus vite possible, parce que derrière se cache le problème de l’Albanie, dont on ne parle pas.

En quoi intervient la question albanaise ?

Athènes et Skopje ont intérêt à s’entendre le plus vite possible, car il se trouve que demain et après-demain, les députés albanais au Parlement de Skopje vont demander que la langue albanaise devienne la langue officielle, tout comme le macédonien, en République de Macédoine. Ils sont nombreux, car il faut savoir que la minorité albanaise en Macédoine représente entre 25 et 30% de la population. En même temps vous avez des irrédentistes, des nationalistes albanais, qui remettent sur le tapis le problème des Tchames. Les Tchames étaient des Albanais du nord de la Grèce, chassés, pourchassés, massacrés en 1944-45.

Est-ce que la situation actuelle fragilise Alexis Tsipras ?

À mon avis, pas trop. Evidemment, pour l’opposition tout est bon pour le fragiliser. Mais comme je vous disais entre 100 000, le 21 janvier à Thessalonique, et 700 000 en 1992, il y a un énorme écart. Mais en effet, Tsipras est de plus en plus impopulaire. Du coup, la droite et l’extrême droite en profite pour essayer de le déstabiliser.

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