Grèce : poursuites pénales contre les députés néonazis
La police grecque a arrêté samedi le chef et fondateur d'Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, et quatre députés du parti d'extrême-droite - dont son porte-parole, Ilias Kasidiaris. Ils sont accusés par la justice d'avoir fondé une "organisation criminelle ".
Une dizaine de membres du parti ont également été
interpellés en Attique - la région d'Athènes - au cours de cette opération qui
devrait conduire à d'autres arrestations dans les prochaines heures puisque
qu'une trentaine de mandats d'arrêt ont été émis par la Cour suprême, à laquelle a été confiée l'enquête sur le récent meurtre d'un musicien
par un militant de cette formation.
Poursuites pénales
Dans la soirée, une source judiciaire a précisé que des poursuites pénales avaient été engagées par le procureur contre Nikos Michaloliakos et tous les députés d'Aube dorée interpellés dans le cadre du vaste coup de filet policier de samedi.
Les poursuites ont été ouvertes sous le chef de "participation à une
organisation criminelle " et "direction " de cette organisation dans le cas du fondateur et leader d'Aube dorée.
"Décision illégale " pour les membres d'Aube dorée
Les arrestations qui ont eu lieu samedi sont basées sur l'appartenance de
ces députés à une "organisation criminelle ", mais aussi sur des poursuites pour
violences physiques et meurtre pour certains des suspects.
Aube Dorée est au centre d'une vive polémique en Grèce depuis l'assassinat d'un rappeur engagé dans la lutte contre le racisme le
17 septembre, Pavlos Fyssas, 34 ans. Les autorités ont lancé une vaste enquête sur ce parti soupçonné de nombreuses violences contre des migrants et des militants de gauche.
"La démocratie a les moyens de se défendre ", a indiqué le porte-parole du gouvernement, Simos Kédikoglou, à la télévision Skaï, quelques minutes après l'arrestation de ces députés.
"Aube dorée est toujours là, elle ne recule pas, on ne met pas en prison
ses idées. On se battra jusqu'à la fin". (Artemis
Matheopoulos, député d'Aube dorée)
Le parti n'a pas tardé à réagir à cet événement : répondant à un appel à protester contre une "décision illégale ", relayé sur
le site internet d'Aube dorée, quelques centaines de sympathisants du parti d'extrême-droite étaient rassemblés depuis la fin de la matinée devant les locaux de la police
grecque, où se trouvaient les suspects.
De son côté, le gouvernement a affiché sa détermination, le ministre de la justice assurant samedi à la sortie d'un entretien avec le Premier ministre Antonis Samaras que : "n otre
démocratie est forte et nos institutions fonctionnent (...) Si ceux qui ont été
arrêtés sont jugés, le procès sera équitable ".
18 députés d'Aube dorée menacent de démissionner
Plus de 10.000 Grecs avaient manifesté mercredi à Athènes pour
dénoncer le parti d'extrême-droite. Ce dernier, qui réfute le qualificatif
de néonazi, dément toute implication dans l'assassinat de
Pavlos Fissas.
Surfant sur le chômage et la misère qui se sont aggravés en Grèce en raison
de la crise, Aube dorée a réussi à entrer pour la première fois au parlement
lors des élections de juin 2012, en raflant 18 des 300 sièges de la chambre.
Mais le parti a brandi la menace d'une démission collective de
ses 18 députés si la répression continuait. Cela entraînerait
des élections partielles et le risque d'une nouvelle instabilité
politique au moment où Athènes pourrait avoir à négocier un
troisième plan d'aide avec ses créanciers internationaux.
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