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Film anti-islam : la colère toujours vive dans le monde musulman

Les violences antiaméricaines et antifrançaises redoutées sont restées relativement isolées après la grande prière du vendredi dans les pays musulmans. Elles ont toutefois dégénéré en Libye et au Pakistan où 17 personnes ont été tuées et 200 blessées. Les mesures de sécurité avaient été renforcées dans le monde pour parer à des représailles au film islamophobe "L'innocence des musulmans" produit aux Etats-Unis et aux caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo.
Article rédigé par Caroline Caldier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Mian Kursheed Reuters)

Le vendredi est le jour
des prêches dans les mosquées, qui s'ils sont très offensifs, notamment contre
les Occidentaux au nom de la défense de l'islam, peuvent échauffer
les esprits. On craignait
une recrudescence de violences ce vendredi, à l'image de celles qui ont secoué
de nombreux pays la semaine dernière
. Finalement les manifestations ont été
plus limitées.

Au Pakistan

C'est dans les grandes villes
pakistanaises que les manifestations ont eu les conséquences les plus
dramatiques. Quatre personnes --trois manifestants et
le chauffeur d'une chaîne de télévision pakistanaise-- ont été tuées à
Peshawar, grande ville du nord-ouest, lors de heurts avec la police après que
les protestataires eurent saccagé et incendié des cinémas. Neuf personnes --un
policier et huit manifestants-- ont aussi perdu la vie lors d'affrontements à
Karachi, mégalopole du sud du pays, où des protestataires ont aussi incendié
des cinémas.

 

En Egypte

Alors que c'est au Caire qu'a eu
lieu la première manifestation anti-américaine après le film islamophobe, les
responsables musulmans ont à nouveau cherché à calmer les esprits. Les écoles
et centres culturels étaient fermés ce vendredi. La sécurité a été renforcée
autour de l'ambassade. Aucun incident n'a été signalé dans l'après midi.

En Tunisie

Une foule de fidèles a insulté à la
sortie de la grande prière de la mosquée Al-Fatah de Tunis, les journalistes présents,
alors qu'un imposant dispositif de sécurité était déployé, tout rassemblement étant
interdit en Tunisie.

Au Liban

Des milliers de
personnes ont manifesté Arborant le drapeau libanais et la bannière jaune du
Hezbollah, des partisans du puissant mouvement chiite ont défilé à Baalbeck
(est), aux cris de "Amérique, grand Satan, Israël, ennemi des
musulmans"
. Des Palestiniens des camps de réfugiés ont participé à la
manifestation.

Dans le sud du pays,
l'imam d'une mosquée de Saïda, cheikh Maher Hammoud, a plaidé pour "une
fatwa autorisant le meurtre de tous ceux qui ont participé"
à "L'innocence
des musulmans"
.

En Afghanistan

Deux manifestations ont eu lieu dans
la capitale. De
200 à 300 personnes ont marché dans l'ouest de Kaboul aux cris de "Mort
aux Etats-Unis" et "Mort à la France". Des cortèges
"pacifiques" selon le directeur de la police criminelle de Kaboul.

En Irak

A Bagdad, dans le
bastion chiite de Sadr City, le cheikh Mithal al-Hasnaoui, représentant du
dirigeant chiite Moqtada Sadr, a appelé les autorités irakiennes à
"condamner d'une seule voix les positions exprimées par les Américains et
les Français", au cours de son prêche. A Bassora plusieurs milliers de
personnes ont manifesté sans heurts mais en brûlant des drapeaux américains et
israéliens.

Au Yémen

Aux cris de "Mort à
l'Amérique", "Mort à Israël", des manifestants, partis de la
vieille ville  de Sanaa après la prière
musulmane hebdomadaire, ont tenté de se diriger vers l'ambassade américaine,
située dans le nord de la capitale. Mais les forces de sécurité, déployées en
force à quelque 600 mètres de la chancellerie et
appuyées par des véhicules blindés et des camions à canons d'eau, ont stoppé la
progression des manifestants qui répondaient à un appel des rebelles zaïdites,
membres d'une communauté issue du chiisme.

En Libye

Des milliers de Libyens ont manifesté à Benghazi contre les milices armées, qu'ils jugent "hors-la-loi" dix jours après l'attaque du consulat américain. Ils ont ainsi éclipsé un rassemblement de salafistes qui protestaient contre un film et des caricatures jugés offensantes pour l'islam. Les manifestants ont délogé le groupe salafiste d'Ansar al-Charia (montré du doigt dans l'attaque du consulat américain) de la caserne qu'il occupait et ont mis le feu.

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