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Face au "danger" intégriste, la Tunisie doit "serrer la vis" (Rached Ghannouchi)

Alors que les caricatures de "Charlie Hebdo" et le film "Innocence of Muslims" a provoqué la colère de certains musulmans, Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste au pouvoir en Tunisie, souhaite rassurer sur la capacité des autorités tunisiennes à contenir les manifestants et à combattre le "danger" salafiste jihadiste.
Article rédigé par Mélody Piu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Zoubeir Souissi Reuters)

Après l'attaque de l'ambassade américaine, les
salafistes jihadistes sont un "danger " pour la Tunisie, et le
gouvernement doit "serrer la vis " a déclaré Rached Ghannouchi,
chef du parti islamiste au pouvoir. 

"A chaque fois que des partis, ou des
groupes outrepassent d'une façon flagrante la liberté il faut être ferme [...] et insister sur l'ordre
", poursuit le chef du
parti Ennahda, avant d'ajouter :

"Ces gens-là représentent un
danger non seulement pour Ennahda mais pour les libertés publiques dans le pays
et pour sa sécurité, c'est pour cela que tous nous faisons face à ces groupes
mais avec des outils respectueux de la loi"

Le laxisme du gouvernement ?

Les déclarations de Rached Ghannouchi
interviennent alors que l'ancien Premier ministre tunisien Béji Caïd
Essebsi a vivement critiqué jeudi la politique mené par l'Ennahdha.
"Les violences anti-américaines que la Tunisie a connues sont le résultat
de la politique de tolérance envers des groupes prônant la violence
",
déclare le fondateur du parti d'opposition Nidaa Tounès. "Si ce
gouvernement devait poursuivre cette politique, il nous conduira vers l'abîme.
[...] Il a échoué et n'est plus en mesure de diriger le pays, c'en est fini de
la troïka
" a t-il ajouté.

De son côté,
Rached Ghannouchi a rejeté les accusations de laxisme à l'encontre
du gouvernement, qui n'avait pas arrêté, alors qu'il en avait eu l'occasion cette semaine, le jihadiste Abou Iyad suspecté d'être derrière
l'attaque du 14 septembre contre l'ambassade des Etats-Unis et une école américaine.
Pour sa défense il évoque le cas d'Oussama Ben Laden, qui "est resté
beaucoup d'années libre et les
services secrets internationaux sont restés longtemps sans l'arrêter
". 

L'interdiction des manifestations en Tunisie

Le ministère de l'intérieur a indiqué jeudi
qu'il interdisait toute manifestation en Tunisie vendredi, par crainte de
"violences " suite au film islamophobe américain, qui a déjà provoqué
depuis une dizaine de jours des manifestations à travers le monde musulman. Par
précaution, des blindés et des barbelés ont également été déployés devant
l'ambassade de France suite à la publication de la caricature de Mahomet par le
journal satirique Charlie Hebdo .

Toutefois, le
chef du parti islamiste au pouvoir
rappelle son "indignation
face à des caricatures qui portent atteinte aux croyances des musulmans et qui
incitent à la haine et à la guerre"
.  Tout en soulignant
qu'il n'a pas appelé ses partisans à descendre dans la rue mais "à
défendre le Coran et le Prophète avec des outils positifs
". 

"Qu'ils écrivent des romans, qu'ils fassent des films, des
chansons, des œuvres artistiques qui représentent la civilisation islamique
sous un beau jour au lieu d'actes négatifs, de hurlements, de violences, des
actes qui ne servent pas l'islam mais les ennemis de l'islam", ajoute
t-il. 

Pour terminer, il appelle à un dialogue au sein
de l'ONU afin de trouver une solution pour "concilier la liberté
d'expression et le droit à ce qu'il ne soit pas porté atteinte aux croyances
des autres
". 

 

 

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