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Wilfried Martens, homme providentiel de la politique belge

A 72 ans, Wilfried Martens revient sur le devant de la scène politique belge. Il a été nommé explorateur par le roi Albert II, chargé de trouver un premier ministre qui convienne à tous les partis de la coalition au pouvoir. Ce chrétien-démocrate flamand, expert en compromis, a été premier ministre à huit reprises, quasiment en continu de 1979 à 1992.
Article rédigé par franceinfo
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Luctor et emergo (Je lutte pour surnager). Telle est la devise latine mise en exergue par Wilfried Martens sur son site internet. Et à l'en croire, il est le premier surpris par sa soudaine remontée à la surface du marigot politique belge.
_ C'est qu'il est la personnalité rare recherchée par le roi Albert II. Celle qui fait consensus dans la coalition au pouvoir, qui regroupe la bagatelle de cinq partis. Et comme le souverain aimerait la voir tenir jusqu'aux prochaines échéances électorales, mi-2009, il se soucie de plaire à tout le monde.

Wilfried l'évident

Pour être nommé “explorateur” en Belgique, il faut aussi une qualité que Wilfried Martens possède, mais par définition, n'a pas mis en avant : ne plus avoir d'ambition politique. Car en la matière, il a été copieusement servi. Il a même été surnomé “Wilfried l'évident”, tant ses nominations successives au poste de premier ministre semblaient automatiques.

Entre 1979 et 1992, Wilfried Martens a en effet occupé la fonction quasi en continu. Tout juste a-t-il dû se trouver une autre occupation pendant huit mois, en 1981. Carrière politique d'autant plus étonnante que l'intéressé n'avait jamais été ministre avant de se retrouver propulsé dans le fauteuil de “Premier”.

Durant son long magistère, ce chrétien-démocrate flamand, né en 1936 à Sleidinge (dont l'étymologie signifie pourtant “sol glissant”), a aussi pu démontrer ses qualités d'expert en compromis dans une Belgique toujours déchirée par la querelle flamands-Wallons. Il a réussi à mettre provisoirement la guerre linguistique sous l'éteignoir en créant en 1980 les régions flamandes et wallonnes, et surtout en endormant diplomatiquement la région Bruxelles-Capitale, pomme de discorde entre francophones et néerlandophones pendant huit ans.

Urgence politique et économique

Cette culture de compromis se retrouve dans ses affiliations politiques. Démocrate-chrétien, il a mené une politique plutôt libérale, au sein d'une coalition sociaux-chrétiens-libéraux. C'est donc un expert en la matière qui est chargé de négocier avec la coalition actuelle pour la rassembler sur le nom d'un premier ministre. Reste que la tâche, dans un contexte économique et politique difficile, est urgente. “Wilfried l'évident” n'aura pas 13 ans pour la mener à bien.

Grégoire Lecalot

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