Visite historique du président turc en Arménie
"Nous avons la volonté politique de résoudre les différends entre la Turquie et l'Arménie. J'espère que cette visite pourra créer la possibilité d'améliorer nos relations", a affirmé M. Gül à Erevan.
Employant les mêmes termes que son homologue, M. Sarkissian a souligné une "volonté politique de résoudre les différends" entre les deux pays "pour ne pas les laisser aux générations à venir". La crise russo-géorgienne a poussé Ankara à revoir sa politique dans le Caucase, favorisant le réchauffement des relations turco-arméniennes, avait déclaré vendredi soir le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan.
Signe de ce réchauffement diplomatique, M. Sarkissian a annoncé que M. Gül l'avait invité en Turquie à l'occasion du match retour Turquie-Arménie de qualification pour le mondial 2010 de football. M. Sarkissian avait invité son homologue à l'occasion du match aller auquel les deux dirigeants ont assisté ensemble samedi soir. La Turquie s'est logiquement imposée 2 buts à 0 face à l'Arménie.
M. Gül est le premier président turc à se rendre en Arménie depuis l'indépendance en 1991 de cette ex-république soviétique, avec laquelle Ankara n'entretient pas de relations diplomatiques en raison de divergences sur le caractère des massacres d'Arméniens commis entre 1915 et 1917 en Anatolie.
Des mesures de sécurité renforcées étaient en vigueur dans la capitale arménienne à l'occasion de cette visite qui a été accompagnée toute la journée par des centaines de manifestants, à l'appel du parti nationaliste Dachnak Tsoutioun. "Reconnaissance", "arrêtez de nier le génocide", scandaient notamment les manifestants qui ont hué M. Gül à son arrivée à la présidence et ont formé une chaîne humaine aux abords de l'aéroport. Ils ont aussi organisé une marche aux flambeaux devant le mémorial dédié au "génocide arménien".
L'Arménie estime que les massacres commis sous l'empire ottoman ont fait jusqu'à 1,5 million de morts et constituent un génocide, une position adoptée par plusieurs pays mais catégoriquement rejetée par la Turquie. La Turquie a fermé sa frontière avec l'Arménie en 1993 pour soutenir l'Azerbaïdjan turcophone dans son conflit avec l'Arménie sur la région du Nagorny-Karabakh, enclave peuplée d'Arméniens en territoire azerbaïdjanais, dont la sécession a conduit à une guerre entre les deux pays.
Caroline Caldier avec agences
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