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"Vatileaks" : le majordome du pape sera jugé avec un complice

Secoué par l'ampleur du scandale, le Vatican annonce qu'un procès se tiendra pour le majordome mais aussi un informaticien du Saint-Siège.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le pape Benoît XVI (G.) avec son ancien majordome Paolo Gabriele le 25 avril 2012 au Vatican. (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

EUROPE - L'ancien majordome du pape va être jugé. Le porte-parole du Saint-Siège a annoncé lundi 13 août la tenue d'un procès contre Paolo Gabriele pour le scandale "Vatileaks" des fuites de documents confidentiels qui a éclaté en mai 2012, et contre un complice dont le nom apparaît pour la première fois, Claudio Sciarpelletti, un informaticien du Vatican.

Qui sont les deux personnes mises en cause ?

Jusqu'à présent, Paolo Gabriele était l'unique prévenu dans l'affaire Vatileaks, qui a vu des centaines de documents secrets transmis depuis janvier à des journalistes italiens. Gabriele est accusé de s'être emparé, sur le bureau de Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Joseph Ratzinger, de dizaines de lettres et courriels ultra-secrets dont certains adressés au pape, et de les avoir photocopiés pour les transmettre à l'extérieur. 

Paolo Gabriele sera jugé pour vol aggravé et Claudio Sciarpelletti pour recel, a indiqué le juge d'instruction Piero Bonnet dans un document diffusé au Vatican. Claudio Sciarpelletti est informaticien et programmeur à la secrétairerie d'Etat, le gouvernement central du Vatican. Gabriele, 46 ans, marié et père de trois enfants, homme pieux et discret et qui a la nationalité vaticane, avait commencé à travailler pour le pape en 2006 comme majordome. Il était chargé de préparer ses habits de cérémonie et il l'accompagnait dans la papamobile. C'était "le premier et le dernier à voir le pape", selon des connaisseurs du Vatican. Corruption, mauvaise gestion au sein du Vatican, luttes de pouvoirs... Les révélations qui ont filtré à l'occasion de ce "Vatileaks" ont déstabilisé le Saint-Siège de manière inédite.

Vers d'autres arrestations ?

Le procès n'aura pas lieu avant le 20 septembre, a déclaré dans une conférence de presse le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, sans donner de date. Il a précisé que la responsabilité de Sciarpelletti "était marginale" et qu'il ne peut pas être considéré comme "un complice". Ce dernier a été arrêté une nuit en mai, puis laissé en liberté préventive. Il a été suspendu de ses fonctions "par précaution" mais reçoit toujours son salaire.

L'enquête continue, et d'autres personnes pourraient être impliquées dans le scandale Vatileaks. Le père Lombardi, citant le procureur Nicola Picardi, a souligné que la magistrature s'était "trouvée devant une réalité très ample et complexe". "Nous ne pensons pas avoir terminé notre travail. L'enquête reste ouverte à l'égard d'autres personnes qui apparaissent impliquées", a-t-il déclaré, reprenant des propos du procureur. 

Les noms des témoins qui ont été entendus pendant l'enquête ne sont pas cités dans le rapport judiciaire. "C'est un principe de réserve et de correction" à leur égard, a expliqué le porte-parole. "Le pape a reçu ce document. Il y a une claire volonté de sa part de respecter les résultats de l'enquête". En conséquence, "la ligne très vraisemblable est qu'un procès public aura lieu" au Vatican, a-t-il ajouté. 

 Questions sur l'état mental du majordome

Deux expertises ont été effectuées par le parquet et les avocats sur l'état mental de Gabriele, le majordome, jugé normal mais révélant sa fragilité, a indiqué le père Lombardi. Le rapport d'un des experts, Tonino Cantelmi, parle de "grave malaise psychologique caractérisé par l'inquiétude, la tension, la colère, la frustration". Les expertises ont révélé une "tragique contradiction" entre "l'intention de Gabriele de faire du bien" au pape, et "la gravité des actes accomplis" ainsi qu'une "distance" entre la figure modèle du majordome et ce qu'il a fait, a dit le père Lombardi.

Parmi les objets saisis, au milieu d'"une masse de documents entreposés dans le plus grand désordre" dans l'appartement de Gabriele, ont été retrouvés un chèque de 100 000 euros adressé au pape, une pépite d'or et une édition précieuse de l'Enéïde de Virgile datant de 1581, des cadeaux offerts au pape selon le rapport du juge d'instruction.

Paolo Gabriele, arrêté le 23 mai 2012, a été assigné à son domicile au Vatican le 21 juillet après 53 jours de détention dans une cellule du palais de justice, derrière la basilique Saint-Pierre, en l'absence de prison.

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