Une seconde famille dans la cave : le procès Fritzl
De l'âge de 18 ans jusqu'à ses 42 ans, Elisabeth Fritzl a vécu séquestrée dans la cave de l'immeuble familial d'Amstetten en Autriche. A ses côtés dans ce calvaire, trois des enfants nés des viols de son père. C'est l'hospitalisation de l'aînée, Kerstin, 19 ans, qui a révélé le scandale en avril dernier.
L'homme qui a infligé ce destin à sa fille et ses petits-enfants comparaît à partir d'aujourd'hui devant la cour d'assises de Sankt-Pölten, à 60km à l'ouest de Vienne.
Josef Fritzl, 73 ans, le regard bleu glacé, est inculpé de meurtre par négligence, esclavage, viol, inceste, séquestration, et menaces aggravées. Il plaidera coupable, sauf pour les chefs de meurtre et d'esclavage.
L'inculpation pour meurtre concerne le décès en 1996 d'un des sept enfants nés des rapports incestueux imposés à Elisabeth pendant ses 24 ans de captivité. Josef Fritzl aurait refusé que le nouveau-né, atteint de grave troubles respiratoires, soit hospitalisé alors qu'il était en danger de mort. Selon son avocat, Fritzl a vu le bébé pour la première fois alors qu'il était déjà mort. Au lendemain de son arrestation, le 26 avril 2008, il avait avoué avoir brûlé le corps dans une chaudière.
Seul le chef d'accusation pour meutre est passible d'une peine de prison à perpétuité. En droit autrichien, le viol est passible d'une peine maximale de 15 ans de prison, la séquestration de 10 ans, les menace aggravées de cinq ans, et contrairement au Etats-Unis, l'Autriche ne pratique pas le cumul des peines, retenant la condamnation la plus élevée.
Le parquet a réclamé l'internement de Fritzl dans un centre psychiatrique, même si les expertises médicales ont conclu qu'il était pénalement responsable de ses actes.
Josef Fritzl sera seul au tribunal pendant les cinq journées d'audience, pour l'essentiel à huis-clos. La déposition d'Elisabeth a été enregistrée sur vidéo. Les onzes heures de témoignage seront diffusées par étapes aux trois juges et huit jurés, à l'abri des médias qui ont envahi la petite ville de Sankt-Pölten.
Pour la période du procès, dont le verdict est attendu pour le 20 mars, Elisabeth et ses six enfants ont trouvé refuge dans la clinique psychiatrique d'Amstetten, qu'ils avaient quitté fin 2008.
Léa Zilber avec agences
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