Turquie : plus de 200 morts dans l'effondrement d'une mine de charbon
Une explosion a retenti dans la mine de Soma (Turquie), mardi 13 mai. De nombreux mineurs restent encore piégés sous terre.
Au moins 205 mineurs ont été tués, asphyxiés ou brûlés, mardi 13 mai à 14h30, dans l'effondrement d'une mine de charbon de l'ouest de la Turquie, selon un nouveau bilan de l'Agence pour les désastres (AFAD). La BBC (en anglais) rapporte que l'accident s'est produit à deux kilomètres de profondeur et à une distance de quatre kilomètres de l'entrée de cette mine, située dans la ville de Soma, dans le district de Manisa.
Plusieurs centaines d'autres mineurs restent piégés sous terre, malgré les efforts des secouristes. "Nous entrons dans une phase plus critique. Au fur et à mesure que le temps s'écoule, nous nous approchons à grands pas d'une issue très défavorable", a averti le ministre de l'Energie Taner Yildiz.
Francetv info fait le point sur l'accident.
Que s'est-il passé ?
L'accident est dû à une explosion, qui a déclenché un incendie et provoqué l'effondrement de galeries. Un problème électrique dans le transformateur se serait produit. "On parle d'un court-circuit, mais il se peut aussi que le charbon se soit enflammé", a déclaré à Reuters le dirigeant d'un syndicat, Tamer Kucukgencay. Au moment de l'explosion, 787 employés se trouvaient dans la mine. Dans un communiqué, la compagnie minière Soma Komur a estimé que l'effondrement était "un accident tragique".
Quel est le bilan ?
"Le nombre de morts a augmenté à 205", a déclaré mercredi le ministre de l'Energie Taner Yildiz. Et 80 personnes ont été blessées, dont quatre grièvement. "Nous craignons que ce nombre puisse encore grimper car ceux qui sont venus apporter leur aide pourraient rejoindre les blessés et être affectés par les fumées", a toutefois expliqué le ministre. Par ailleurs environ 200 autres mineurs seraient encore prisonniers sous le sol.
Selon les médias locaux cités par l'AFP, 580 personnes au total auraient été piégées dans la mine au moment de l'explosion, mais certaines ont pu s'échapper. L'incendie s'est déclaré au moment du changement d'équipe, et il est de ce fait difficile de dire avec exactitude combien de mineurs se trouvent toujours dans la mine, ont déclaré des syndicalistes.
Le temps joue contre eux. "Si les ventilateurs sont en panne, les mineurs peuvent mourir en une heure", explique un expert de l'université Bulent Ecevit de Zonguldak. Pour conserver une chance de retrouver d'autres survivants, les secours injectent de l'oxygène dans les boyaux de la mine. "Nos espoirs diminuent de plus en plus" pour retrouver des survivants, a annoncé le ministre de l'Energie. Il a également précisé qu'un incendie était toujours en cours.
Quels moyens sont dépêchés sur place ?
"Quatre équipes de secours travaillent actuellement dans la mine. Le problème, c'est le feu, mais on envoie de l'oxygène dans les galeries qui n'ont pas été endommagées", a affirmé Taner Yildiz. Ce dernier a affirmé que 363 mineurs avaient pu être sauvés après le drame sur les 787 employés. Temel Korkmaz, le chef des pompiers de la ville, a expliqué qu'une première équipe de secours avait pu pénétrer dans la mine pour sauver des blessés, qui ont été hospitalisés dans les environs.
Les opérations de sauvetage se poursuivent. Au cœur de la nuit, de très nombreux secouristes extirpaient au compte-gouttes de nouveaux blessés. La plupart souffrent de graves difficultés respiratoires. De nombreux gendarmes et policiers en armes ont été déployés autour du site pour faciliter les allées et venues incessantes de dizaines d'ambulances entre le site de la catastrophe et l'hôpital de Soma, ville où est située la mine.
De nombreux policiers en armes étaient déployés autour du site pour faciliter les allées et venues de dizaines d'ambulances entre le site de la catastrophe et l'hôpital de Soma. Le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, qui a annulé une visite de travail en Albanie, doit se rendre en milieu de journée sur la zone. Un deuil national de trois jours a été décrété "à partir du mardi 13 mai", selon un communiqué du bureau du Premier ministre.
Cette mine était-elle aux normes ?
"L'accident est survenu malgré un maximum de mesures de sécurité et des inspections mais nous avons réussi à intervenir rapidement", a assuré l'entreprise. La mine avait été inspectée le 17 mars pour la dernière fois et appliquait les normes en vigueur, selon le ministère turc du Travail et de la Sécurité sociale.
Mais cette nuit, ces explications n'ont pas satisfait les travailleurs. "Il n'y aucune sécurité dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'à l'argent", a affirmé un mineur, Oktay Berrin. "Il y a des gens qui sont en train de mourir là-dedans, des blessés, et tout ça pour des histoires de pognon", a renchéri un de ses collègues très en colère, Turgut Sidal.
Le gouvernement islamo-conservateur est critiqué pour une éventuelle négligence. "S'il y a eu négligence, nous ne fermerons pas les yeux. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires, dont des mesures administratives et légales", a assuré Taner Yildiz.
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