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Tunis rejette, "catégoriquement", "toute ingérence dans ses affaires intérieures" mais se dit "prête à coopérer"

Le ministère des Affaires étrangères réagissait à la déclaration du ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni qui a exprimé dimanche son intention de demander l'autorisation de déployer des policiers italiens en Tunisie.Quelque 5000 clandestins, pour la plupart tunisiens, sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa en cinq jours.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Clandestins tunisiens devant un centre d'accueil dans une rue de l'ile italienne de Lampedusa le 14 Février 2011 (AFP PHOTO / ROBERTO SALOMONE)

Le ministère des Affaires étrangères réagissait à la déclaration du ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni qui a exprimé dimanche son intention de demander l'autorisation de déployer des policiers italiens en Tunisie.

Quelque 5000 clandestins, pour la plupart tunisiens, sont arrivés sur la petite île italienne de Lampedusa en cinq jours.

L'Italie, qui craint une crise humanitaire, a demandé l'aide internationale face à cet afflux.

"Autant la Tunisie est fortement attachée à préserver la relation d'amitié et de coopération établies avec l'Italie et à les promouvoir davantage, autant elle exprime son étonnement face à cette position", a ajouté le responsable. Dans un communiqué, le ministère a par ailleurs indiqué que les autorités de transition étaient "prêtes à coopérer" avec les autres pays sur ce dossier.

Lundi, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton est arrivée à Tunis pour une visite de quelques heures, afin d'apporter le soutien de l'Union européenne au processus de transition politique dans ce pays et évoquer les moyens d'endiguer le flux de clandestins tunisiens vers l'Europe.

Dimanche, les autorités tunisiennes ont annoncé avoir envoyé des renforts pour enrayer le flux de clandestins vers l'Europe. Depuis 5 jours, des milliers d'immigrants tunisiens sont arrivés illégalement sur l'île italienne de Lampedusa, un mois après la chute du régime de Ben Ali le 14 janvier dernier.

L'Italie a demandé l'aide de l'Union européenne
Samedi, le gouvernement italien a proclamé l'état d'urgence humanitaire. Une procédure qui permet d'accélérer l'adoption des mesures pour lutter contre ce phénomène. L'Italie a demandé vendredi l'aide de l'Union européenne et "le déploiement immédiat d'une mission Frontex d'interception et de patrouille au large des côtes de Tunisie pour le contrôle des flux", mettant en garde contre le risque d'une "crise humanitaire".

Dimanche, le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé qu'il demanderait le déploiement de policiers italiens en Tunisie pour tenter d'empêcher les nombreux départs d'immigrants clandestins depuis ce pays, d'où la ferme réaction tunisienne. L'hypothèse a été jugée "inacceptable" dès dimanche soir par le porte-parole du gouvernement tunisien.

Selon une source proche du gouvernement tunisien, les forces de la garde maritime travaillent jour et nuit pour arrêter ce flux. Elles ont arrêté beaucoup d'individus essayant de franchir les frontières. "Des renforts ont été envoyés", a-t-elle déclaré sous couvert d'anonymat mais n'a pas dit quel type de forces avaient été envoyées, combien et où. "Nous passons par une période exceptionnelle et les forces font beaucoup d'efforts pour essayer d'arrêter le flux", a-t-elle poursuivi ajoutant que ce "phénomène (n'était) pas nouveau et ne concernait pas que la Tunisie." Selon des sources sécuritaires citées dimanche par le quotidien Effadah, les autorités ont arrêté ces derniers jours 1000 à 1.500 candidats à l'émigration.

C'est un exode "de dimension biblique", a commenté samedi Bernardino De Rubeis, maire de la petite île située à 138 km de la Tunisie. Cet exode intervient alors que le gouvernement tunisien de transition semble dépassé dans un pays en totale reconstruction après la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali.

"Le problème est que l'accord bilatéral que nous avons avec la Tunisie, qui permettait jusqu'à présent de gérer efficacement l'immigration illégale, n'est pas appliqué en raison de la crise", avait expliqué vendredi le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni.

Dans la nouvelle Tunisie, les couches sociales les plus défavorisées se montrent de plus en plus impatientes, en particulier dans les provinces de l'intérieur.

A Tunis, samedi, plusieurs centaines de magistrats et avocats ont manifesté devant le Palais de justice pour revendiquer leur droit à l'indépendance. D'autres ont manifesté devant le Gouvernorat de Tunis pour réclamer des aides de toutes sortes, a rapporté TAP, l'agence de presse tunisienne.

Sur le plan politique, le débat fait rage entre les tenants d'une normalisation rapide avec des élections présidentielle et législatives dans six mois et ceux qui mettent en garde contre une "confiscation" de la révolution, plaidant pour un report d'au moins un an.

La communauté internationale, qui officiellement soutient les autorités de transition, intensifie pour sa part les visites à Tunis promettant son soutien tout en appelant à la vigilance. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a promis, samedi à Tunis, un "soutien concret" de l'Allemagne pour aider à la transition démocratique. Mais, a-t-il prévenu, "la Tunisie a entamé un mouvement de liberté et de libération, il est important qu'il ne soit pas seulement irréversible mais qu'il soit façonné d'une manière réussie."

Conscientes que la bonne marche de la transition dépend de la relance de l'activité économique, les autorités tunisiennes ont multiplié les appels à la communauté internationale pour un soutien à l'économie du pays.

Le secteur touristique (6,5% du PIB, 350.000 emplois) en particulier a été plombé par ces semaines de chaos et de flou. Samedi, la France a levé ses restrictions de voyages vers des villes côtières tunisiennes et l'île de Djerba. L'Allemagne va aussi donner son feu-vert pour les zones balnéaires de la côte est, a dit Guido Westerwelle cité par la télévision tunisienne.

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