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Srebrenica : les Pays-Bas jugés responsables de 300 morts

Un tribunal de La Haye a conclu mercredi que les casques bleus néerlandais, stationnés à l'époque à Srebrenica, auraient dû savoir qu'en évacuant 300 Bosniaques, qui s'étaient réfugiés dans leur base, ils les conduisaient à une mort certaine. Il a condamné l'Etat néerlandais.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Les "Mères de Srebrenica", à l'annonce du jugement, à La Haye © MaxPPP)

C'est le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale : à la mi-juillet 1995, les forces serbes de Bosnie, emmenées par le général ratko Mladic, ont tué près de 8.000 hommes et enfants musulmans en quelques jours. Dans la cuvette de Srebrenica. 

Les casques bleus néerlandais étaient chargés de protéger Srebrenica, décrétée "zone de sécurité" par l'ONU. Mais ils avaient fini par céder devant les forces, bien plus nombreueses, des Serbes de Bosnie.

La responsabilité de l'Etat néerlandais reconnue

Près de vingt ans plus tard, un tribunal de La Haye a rendu mercredi un jugement qui fera date. Saisi après une plainte des Mères de Srebrenica, une association représentant des proches des victimes et des survivants du massacre le tribunal a reconnu, pour la première fois, la responsabilité de l'Etat néerlandais, et non des casques bleus. Non pas pour l'intégralité du massacre, mais pour 300 Bosniaques, venus se réfugier dans leur base de Potocari, et que les soldats avaient évacués.

La juge Larissa Elwin a ainsi estimé que "le Dutchbat n'aurait pas dû laisser partir les hommes de leurs bâtiments; ils auraient dû tenir compte de la possibilité que ces hommes seraient victimes de génocide"

Des futures opérations militaires compromises ?

Ce jugement pourrait créer un précédent, et influencer la participation des Pays-Bas à de nouvelles opérations de ce type.

En septembre dernier, les Pays-Bas étaient déjà devenus le premier Etat tenu pour responsable des actes de ses propres soldats, opérant pourtant sous mandat de l'ONU. Dans une affaire similaire, mais de moindre envergure, la justice avait déjà estimé que l'Etat était responsable de la mort de trois Bosniaques à Srebrenica, eux aussi tués après avoir été chassé de la base militaire. Leurs proches ont été indemnisés, à hauteur de 20.000 euros chacun.

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