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Séisme de L'Aquila : les scientifiques condamnés à six ans de prison

Des scientifiques italiens, accusés d'avoir sous-estimé les risques avant le séisme de L'Aquila, ont été condamnés lundi à six ans de prison pour "homicide par imprudence", par le tribunal de cette ville des Abruzzes. Le séisme du 6 avril 2009 avait fait plus de 300 morts et des dizaines de milliers de sans-abri.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Vincenzo Tersigni Maxppp)

Le verdict était très attendu et il est historique : pour la première fois, des scientifiques sont reconnus coupables de n'avoir pas su prévoir une catastrophe naturelle. Lundi, sept membres de la Commission italienne "grands risques" ont été condamnés à six ans de prison pour "homicide par imprudence", par le tribunal de la ville de L'Aquila en Italie. Fin septembre, le parquet avait requis quatre ans de prison.

Les scientifiques condamnés - six experts des séismes et le sous-directeur de la Protection civile, Bernardo De Bernardinis - s'étaient réunis à L'Aquila six jours avant le séisme et aucune mesure particulière de précaution n'avait été prise. La défense avait réclamé leur acquittement, arguant du fait qu'aucun scientifique ne peut prévoir un tremblement de terre. "On ne comprend pas cette décision ", ont indiqué les avocats des scientifiques, restés bouche bée à l'énoncé du verdict.

"On ne peut pas appeler ça une victoire [...] ça ne ramènera pas nos proches" (le fils d'une victime)

Le procureur a comparé les risques du séisme aux risques terroristes du 11 septembre aux États-Unis. "Après le 11 septembre, le rapport qui démontrait une analyse insuffisante des risques en rapport avec l'attentat a conduit à la démission du chef de la CIA et de son adjoint. Cela montre qu'un tel raisonnement existe " ailleurs, a affirmé Fabio Picuti, après l'énoncé du verdict.

Le séisme du 6 avril 2009 avait fait 309 morts et des dizaines de milliers de sans-abri, et reste un traumatisme en Italie. "On ne peut pas appeler ça une victoire. C'est une tragédie, de toute façon, ça ne ramènera pas nos proches ", a réagi Aldo Scimia, dont la mère a été tuée dans le séisme. "Je continue d'appeler ça un massacre commis par l'Etat, mais au moins nous espérons que nos enfants auront des vies plus sûres ", a-t-il ajouté.

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