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Royaume-Uni. Le mariage des homos divise les conservateurs

Le texte ouvrant le mariage aux couples de même sexe est présenté mardi aux députés britanniques. Le Premier ministre, David Cameron le défend, contre l'avis d'un grand nombre de "tories". Il a  de grandes chances d'être adopté.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Premier ministre britannique, David Cameron, le 24 janvier 2013 à Davos (Suisse). (WORLD ECONOMIC FORUM / XINHUA)

La France et le Royaume-Uni sont engagés dans la même bataille législative. Les députés britanniques votent, mardi 5 février, sur le projet de loi autorisant le mariage des homosexuels. Ce texte suscite de profondes dissensions au sein du parti conservateur mais a de grandes chances d'être adopté grâce au soutien des libéraux-démocrates et des travaillistes.

Ce que contient le texte

Le texte a été présenté aux députés britanniques en première lecture le 24 janvier et sera ensuite présenté à la Chambre des Lords (chambre haute du parlement). Il prévoit de permettre à des couples de même sexe de se marier civilement et laissera aux diverses confessions le choix de célébrer ou non des unions homosexuelles religieuses. A l'exception toutefois de l'Eglise anglicane, très majoritaire dans le pays, au sein de laquelle ces célébrations resteront illégales.

Cette réforme, qui était une promesse de campagne des libéraux-démocrates, partenaires des conservateurs dans le gouvernement de coalition, permettra également aux personnes voulant changer de sexe de pouvoir le faire en restant mariées, ce qui était jusqu'à présent illégal.

Mais du point de vue des droits parentaux, le mariage homosexuel est essentiellement symbolique puisque les couples de même sexe, qui bénéficient d'un partenariat civil depuis 2005, ont déjà le droit d'adopter des enfants. Quant à la pratique des mères porteuses, elle est légale au Royaume-Uni, à condition qu'elles ne soient pas rémunérées.

Pourquoi David Cameron le soutient...

A la différence de la France, le débat n'a pas suscité de manifestations populaires outre-Manche. Une consultation lancée par le gouvernement entre mars et juin 2012 avait recueilli 228 000 réponses, parmi lesquelles 53% étaient favorables au mariage de personnes de même sexe, contre 46% qui y étaient opposées. C'est en s'appuyant sur ces résultats, entre autres, que le gouvernement conservateur avait décidé en décembre de soumettre au Parlement ce projet de loi.

Dans une interview à Channel 4, le Premier ministre britannique, David Cameron, expliquait début décembre pourquoi il a mis cette réforme sous la table. "Je suis très attaché au mariage et je ne veux pas que les homosexuels soient exclus de cette belle institution". Il prévenait toutefois : "Si une église, une synagogue ou une mosquée ne souhaite pas marier deux homosexuels, ces institutions ne doivent en aucun cas être obligées de le faire".

Fin 2011, David Cameron assurait déjà, dans un discours, que le mariage des homosexuels correspondait aux valeurs des conservateurs. "Oui, il est question d'égalité, mais il est aussi question d'autre chose : d'engagement. Les conservateurs croient aux liens qui nous unissent, qui rendent la société plus forte. Je ne soutiens pas le mariage gay en dépit du fait que je sois un conservateur, mais parce que j'en suis un". Le ministre de la Justice britannique, Chris Grayling, s'est également prononcé pour.

... mais pas tous les conservateurs

La position du gouvernement suscite une farouche opposition de la part d'une frange conséquente des Tories. Jusqu'à 200 députés conservateurs (sur 303) pourraient s'opposer ou s'abstenir lors du vote. Pour le Sunday Telegraph (proche des conservateurs), David Cameron fait courir un "risque de divorce" à son propre parti en portant ce projet contesté qui ne figurait pas dans ses promesses de campagne. Le Times écrit de son coté que de nombreux militants ont rendu leur carte du parti pour marquer leur désapprobation.

Une vingtaine de responsables locaux conservateurs ont également publié une lettre ouverte au Premier ministre dans laquelle ils lui demandent de reporter le vote, craignant qu'il ne "cause d'importants dégâts au parti conservateur à l'approche des élection de 2015". Stewart Jackson, député opposé au texte, affirme : "David Cameron a une marge de manœuvre très étroite. Il va devoir enclencher une réforme authentiquement conservatrice bientôt" pour contrebalancer cette réforme jugée trop progressiste par certains.

Mardi, les députés conservateurs pourront voter selon leur conscience, puisque le gouvernement a précisé qu'il n'y aurait pas de consigne contraignante de la part du parti.

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