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Royaume-Uni : Cameron opère un remaniement de grande ampleur

Le Premier ministre britannique s'est livré au remaniement le plus important depuis son arrivée au pouvoir, à l'approche des élections générales de 2015. Le nouveau gouvernement est rajeuni, féminisé, et plus à droite.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Le Premier ministre s'est livré à son remaniement le plus important depuis 2010. © REUTERS / Neil Hall)

La politique britannique connaissait la "Nuit des longs couteaux" du premier ministre Harold Macmillan, qui avait remanié en 1962 avec une vitesse et une ampleur jamais vue jusqu'alors. Il y aura désormais celle de David Cameron, qui vient de se livrer au remaniement ministériel le plus important depuis l'arrivée au pouvoir des Conservateurs, en 2010.

Un remaniement qui ressemble à une mise en ordre de ses troupes, à dix mois de la prochaine élection générale. Les conservateurs sont devancés par les travaillistes dans les sondages, et les eurosceptiques du parti Ukip, qui ont ravi la troisième place aux Libéraux-démocrates, membres de la coalition gouvernementale, continuent de prendre des voix aux conservateurs.

David Cameron a donc réagi en proposant un nouveau gouvernement qui s'apparente pour les travaillistes à un "massacre des modérés" effectué par un Premier ministre "apeuré face à son aile droite". Au programme : plus de femmes, moins de quinquagénaires de sexe masculin, et plus d'eurosceptiques.

Cameron garde la main sur les affaires européennes

La première surprise de ce remaniement en profondeur est  venue de William Hague, qui a annoncé dans la nuit de lundi à mardi sa démission du poste de ministre des Affaires étrangères. Figure du parti conservateur, dont il avait assuré la présidence, il sera désormais le leader de la chambre des Communes, salle basse du Parlement britannique, et travaillera à la victoire pour l'élection de 2015 au cours de laquelle il ne briguera pas de nouveau mandat de parlementaire.

William Hague est remplacé par Philip Hammond, jusque là ministre de la Défense. Connu dans les couloirs de Westminster pour sa discrétion, il n'est pas du genre à mettre le feu aux poudres en politique et sera l'occasion pour David Cameron de garder la main sur la politique étrangère et européenne. Avec dans le viseur, un référendum sur la place du pays dans l'Union qu'il a promis d'organiser en 2017 s'il est réélu. Philip Hamond s'est d'ailleurs déjà dit ouvert à une sortie de l'Union européenne, position que David Cameron et William Hague n'ont encore jamais affichée.

L'europhile sort, les eurosceptiques rentrent

Autre signal fort, le départ de Kenneth Clarke, vétéran modéré, 74 ans dont 44 en tant que député, ministre sans portefeuille... Et europhile. En quittant son poste, il a d'ailleurs promis de continuer à mener une campagne "vigoureuse " afin que le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne. Le leader des conservateurs à la chambre des Lords Jonathan Hill, opposé à une intégration plus importante du Royaume-Uni à l'Union, a lui été proposé par David Cameron au poste de commissaire européen.

Un ministère des localités côtières a également été créé. Cela paraît anodin, pourtant localités côtières sont celles qui ont été ravagées par les intempéries durant l'hiver... et aussi celles où Ukip risque de faire une percée en 2015. Un véritable bureau anti-Ukip à moins d'un an des élections.

Un cabinet féminisé et rajeuni

Outre cette mise en ordre sur le front de l'Europe, le remaniement a été l'occasion d'une "purge des quinquagénaires blancs de sexe masculin", selon l'expression utilisée par le Daily Mail . D'après les calculs du Guardian , l'âge médian des membres du cabinet (les principaux ministres du gouvernement) passe de 52,5 à 47,5 ans.

Les femmes sont également plus nombreuses. Sur 23 membres du nouveau cabinet, cinq seront des femmes. C'est deux fois plus qu'avant le remaniement, mais c'est encore peu comparé à la promesse de David Cameron, qui voulait qu'elles représentent un tiers des effectifs. Avec cette nouvelle formule, David Cameron répond à certaines des critiques faites à l'encontre de son ancien gouvernement, et lance le signal de départ pour les élections de 2015.

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