Roms : tentatives d'apaisement avant le sommet de Bruxelles
Pour que la diplomatie européenne ait une chance de revenir dans ses “clous” feutrés, il fallait jeter quelques gouttes d'eau sur l'incendie. A Bruxelles comme à Paris, des “pompiers” ont convaincu les principaux protagonistes de la querelle de grommeler des excuses, afin que la tension redescende d'un cran. Les sourires de circonstance seront peut-être moins difficiles à afficher.
La commissaire européenne à la Justice et aux Droits fondamentaux des
citoyens, Viviane Reding a donc exprimé hier soir ses “regrets” . “Je n'ai en aucun cas voulu établir un parallèle entre la Deuxième Guerre mondiale et les actions du gouvernement français d'aujourd'hui”. Mais quant au fond, elle reste sur la même ligne. Elle défend “les principes et les valeurs sur lesquelles notre Union européenne est fondée”.
Le reste de la Commission semble sur la même ligne. Michel Barnier, Commissaire français au Marché intérieur, avait pris ses distances avec la comparaison historique de Viviane Reding, tout en se solidarisant avec elle sur le fond. Le président de la Commission, José Manuel Barroso avait appuyé dans la sens d'une accalmie en admettant que l'expression utilisée par “dans le feu de l'action” pouvait avoir provoqué “un malentendu”. Mais la procédure contre la France pour non respect des traités reste d'actualité.
A Paris, ce tiède mea culpa a été entendu. Mais l'exécutif ne desserre pas vraiment les dents. L'Elysée a lâché un communiqué plutôt froid qui “prend acte des excuses” de Viviane Reding. Le président de la République ne compte toutefois pas faire un autre pas en revenant sur sa sortie sur le Luxembourg.
_ A Bruxelles, François Fillon est monté en première ligne hier soir, avant Nicolas Sarkozy lui-même aujourd'hui. Il a assuré que la France allait “dans les toutes prochaines heures” démontrer qu'elle respecte les règles du droit européen, sans plus de précision.
Dans ce contexte, la teneur de l'intervention de Nicolas Sarkozy au sommet de Bruxelles reste incertaine. Le président français devra se montrer d'autant plus convainquant que Bruxelles n'est pas la seule à s'indigner. L'Allemagne, principal partenaire de la France, a publiquement pris ses distances, de même que l'Autriche, sans parler du Luxembourg. Seul Silvio Berlusconi est descendu dans l'arène pour défendre Paris dans ce dossier.
En dehors de l'Union européenne, Washington se montre aussi grinçant, en invitant la France à “respecter” les Roms.
Ce concert de critiques laisse planer le doute sur la réussite du G20, que la France doit accueillir et présider dans deux mois. Nicolas Sarkozy comptait en faire la pierre angulaire de son bilan en politique internationale, en vue de la campagne de 2012. Le président français risque bien d'avoir un peu plus de mal à porter la bonne parole internationale qu'il comptait prêcher.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.