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Recul du français en Suisse alémanique?
La Suisse est officiellement un pays multilingue. Mais l’enseignement d’une deuxième langue nationale (français, allemand, italien) à l’école devient complexe. Notamment en Suisse alémanique où l’enseignement du français entre en concurrence avec l’anglais jugé plus utile par de nombreux parents. Résultat: dans le canton de Zurich, un référendum devrait décider de l’avenir du français à l'école.
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La population du canton de Zurich doit trancher le 21 mai 2017 sur une initiative populaire qui propose de ne plus rendre obligatoire l'enseignement du français en primaire dans le canton. «Au-delà de cette décision, c'est surtout le résultat du vote qui retient l'attention, car il pourrait influencer de nombreux autres cantons alémaniques», rapporte le jounal helvétique francophone 24 heures.
Le vote de Zurich intervient après la décision d’un autre canton alémanique, celui de Thurgovie, qui a décidé de repousser l’enseignement du français du primaire au secondaire. Cette décision du parlement local pourrait cependant être soumise à un référendum dans le canton. En 2015, un canton alémanique, Nidwald, avait cependant choisi de conserver le français tandis que dans les Grisons, un vote sur le sujet doit également être organisé.
A Zurich, comme dans d’autres cantons suisses, l’enseignement d’une seconde langue nationale entre en compétition avec l’apprentissage de l’anglais. «Le français et l’anglais, c’est trop, affirment les auteurs de l’initiative cantonale Davantage de qualité. Une langue étrangère à l’école primaire, lancée par trois syndicats d'enseignants zurichois, sur laquelle la population se prononce le 21 mai prochain», note le quotidien Le Temps.
La solution, le trilinguisme
Sur cette question, les Suisses ont d’ailleurs inventé une expression le «frengzöslisch» contraction entre englisch et französisch… Il est vrai que l’enseignement du français dans les écoles alémaniques ne débouche pas souvent sur des résultats exceptionnels selon certaines études. Et les enseignants plaident pour un meilleur apprentissage de l’allemand classique, le Hochdeutsch ou haut allemand (qui est une langue relativement différente du suisse allemand parlé par la population, le schwyzerdütsch).
Pourtant, un accord de 2004 entre une majorité de cantons affirme que l’enseignement d’une seconde langue nationale et de l’anglais doit se faire au plus tard dès la septième année (10-11 ans). Certains, comme le journaliste Christophe Büchi, originaire de Thurgovie, tente de dépassioner le débat en estimant que la cohésion suisse ne passe pas forcément par les langues. Il estime cependant que «le multilinguisme est clairement un atout pour la Suisse qu'elle galvauderait en supprimant le français ou l'allemand à l'école primaire. Mais l'anglais reste incontesté. La Suisse doit viser le trilinguisme.»
Quoi qu’il en soit, le conflit n’est pas nouveau dans ce pays où les coupures sont nombreuses (linguistiques, religieuses...). Certains cantons sont d'ailleurs bilingues, tout comme certaines villes.
C'est pourquoi la décision de Zurich serait capitale, en raison de l’importance de la capitale économique du pays. Selon le vote, le sujet pourrait remonter au niveau fédéral où on parle déjà de cohésion nationale dans ce pays dont 64% des habitants parlent l’allemand, 23% le français, 8% l’italien et une toute petite minorité le romanche.
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