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Prix Bayeux-Calvados: les photographes de l’AFP retracent l’errance des réfugiés

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Des cadavres échoués sur les côtes européennes, des scènes de violence aux frontières, des visages d’enfants, de femmes et d’hommes en larmes… Ces dernières années, la tragédie des migrants fait quotidiennement la une des médias.

Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, en 2015, plus de 65 millions de personnes, Syriens et Irakiens essentiellement, ont fui par tous les moyens la guerre, le terrorisme ou encore la pauvreté. Un million a rejoint l’Europe. En deux ans, plus de 10.000 sont morts en mer.

Beaucoup d’entre eux viennent aussi de la corne de l’Afrique, d’Afghanistan ou du Pakistan.

Mais souvent la déception, l’amertume et le désespoir sont au bout du chemin où seuls murs, barbelés, policiers et camps sont là pour les accueillir.

Deux pays sont particulièrement touchés par cet afflux de migrants. L’Italie et la Grèce sont les deux portes d’entrée principales sur le Vieux continent.

En France, «la jungle» de Calais n’en finit plus de diviser le monde politique. En septembre, le seuil des 10.000 migrants a été franchi dans le camp.

Si l'Allemagne a accueilli plus d'un million de migrants depuis 2015, grâce à la politique d'ouverture aux réfugiés prônée par Angela Merkel, beaucoup d’autre pays européens cherchent principalement à se protéger. Dernière proposition en date de l’UE: envoyer des caméras thermiques à la Serbie pour l’aider à contrôler ses frontières et bloquer l’afflux de migrants. Ce débat qui traverse toute l’Europe la fait trembler sur ses bases.

16 photographes de l’AFP retracent le cheminement des migrants à travers l’Europe de 2015 à mars 2016 quand un accord controversé a été signé entre l’Europe et la Turquie, faisant considérablement chuter l'afflux de réfugiés vers l'Union européenne. 

Cette exposition se tient du 3 au 30 octobre dans la ville de Bayeux.

Fin juillet 2015, 2.000 migrants qui voulaient passer en Angleterre tentent de pénétrer dans le tunnel sous la Manche. A cette date, Eurotunnel dit avoir intercepté 37.000 migrants depuis le début de l’année. Neuf y ont trouvé la mort. Le photographe couvre le phénomène des migrants à Calais depuis plus de quinze ans. (AFP / PHILIPPE HUGUEN)
De nombreux Syriens et Irakiens fuient la guerre et Daech. L’île grecque de Kos leur offre un moment de répit. En 2015, ce site prisé des touristes européens devient une porte d’entrée vers l’Europe. Des milliers de réfugiés, majoritairement syriens, accostent sur les côtes en bateaux pneumatiques de Bodrum, en Turquie, située à tout juste cinq kilomètres. Depuis cinq ans, Bulent Kilic couvre la guerre en Syrie. ( AFP / BULENT KILIC)
Fin août 2015, la Hongrie du nationaliste Viktor Orbán termine la pose d’une clôture de barbelés de 4 mètres de hauteur pour empêcher les migrants d'entrer sur son territoire. Mais des milliers d’entre eux continuent d’affluer. Comme le raconte Sonia Bakaric sur le Making-of de l’AFP, «ils n’ont encore aucune idée des épreuves qui les attendent dans ce pays indifférent à leurs souffrances». ( AFP / ATTILA KISBENEDEK)
En 2015, les migrants empruntent de plus en plus la route des Balkans pour rejoindre l’Europe de l’Ouest. En septembre, près de 50.000 d’entre eux ont déjà transité par la Macédoine. Un tiers sont des femmes et des enfants.  ( AFP / ARMEND NIMANI)
Le rapport Perspectives des migrations internationales 2015 publié par l'OCDE annonce: «La crise humanitaire actuelle est sans précédent, avec un coût humain effroyable et inacceptable.» Un million de demandes d'asile pourraient être déposées en tout en 2015 dans les pays de l'Union européenne, avec sans doute une protection accordée pour 350 à 450.000 personnes. ( AFP / NIKOLAY DOYCHINOV)
Le photographe qui couvre lui aussi cette actualité voit l’une de ses photos détournée dans le journal municipal de Béziers dont le directeur de publication est le Maire de la ville, Robert Ménard, proche du Front national. La photo laisse croire que les réfugiés vont envahir la commune. L'AFP assigne en justice la ville et réclame à son maire 30.000 euros de dommages-intérêts. (AFP / ROBERT ATANASOVSKI)
Le 7 septembre 2015, après avoir forcé un cordon policier près d'un centre d'accueil, un groupe de 200 migrants décide de rejoindre à pied Budapest en remontant à contresens sur la bande d'arrêt d'urgence une autoroute menant à la capitale hongroise. Mais après une quinzaine de kilomètres de marche,  la police les convainc de monter à bord d’un bus qui les amènera dans un autre centre d'accueil.  (AFP / CSABA SEGESVARI)
Début septembre 2015, près de 10.000 migrants venant de Hongrie arrivent en Autriche et en Allemagne, notamment en Bavière. L’accueil est chaleureux avec des pancartes sur lesquelles on peut lire «Bienvenue en Allemagne». De la nourriture, des vêtements et des couvertures leur sont distribués. Si des voix s'élèvent pour dire stop, de nombreux bénévoles s'engagent. Dans «Libération», ils expliquent pourquoi. (AFP / CHRISTOF STACHE)
Alors que la barre symbolique des 500.000 migrants arrivés en Grèce est franchie, le 16 octobre 2015, le premier «hot spot» grec, le camp de Moria, ouvre sur l’île de Lesbos. Mais quelques jours plus tard, des tensions explosent dans le camp non préparé à un tel afflux de migrants. «Nous sommes traités comme des déchets, pourquoi?», se demande un réfugié dans le reportage de Laurence Geai pour le «JDD». Le photographe de l'AFP, Aris Messinis, de nationalité grecque, a remporté le 3 septembre 2016 le Visa d'or News du festival international de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan. Il a été récompensé pour son travail sur l'arrivée massive de migrants sur l'île de Lesbos en 2015. «Ce qui me choque le plus dans cette couverture, c'est de me dire qu'on n'est pas en zone de guerre. Qu'on travaille en zone de paix. Mais les émotions qui passent par mon objectif sont dignes d'une scène de guerre», raconte-t-il sur le Making-of de l’AFP. (AFP PHOTO / ARIS MESSINIS)
Fin octobre 2015, bloqués par la Hongrie, les migrants passent alors par la Slovénie, l'un des plus petits pays européens, pour rejoindre le nord de l'Europe. En une semaine, plus de 60.000 migrants à bout de force se retrouvent coincés à la frontière croato-slovène. Le chaos s’installe et la tension monte entre les deux pays.  (JURE MAKOVEC)
 
Le 28 octobre, le gouvernement autrichien confirme son intention d’édifier une barrière le long de sa frontière avec la Slovénie, une première dans l’espace Schengen. Cette solution, destinée à contrôler le flux des migrants, est désapprouvée par l’Allemagne, pourtant le principal allié de l’Autriche dans cette crise migratoire. (AFP / RENE GOMOLJ)
Le 30 novembre 2016, le «Time» décerne Le prix du photographe d’agence de l’année 2015 à Angelos Tzortzinis pour son travail en Grèce sur la crise économique et celle des migrants. Ce prix «est une très importante distinction. Je ne m'y attendais pas car c'est rare qu’ils choisissent un pigiste», raconte-t-il sur le Making-of de l’AFP. Le 26 novembre 2015, il était présent à Idomeni quand 200 migrants marocains, algériens et pakistanais, bloqués à la frontière gréco-macédonienne, forçaient le passage vers la Macédoine pour pouvoir continuer leur voyage vers le nord de l'Europe.  (AFP / ANGELOS TZORTZINIS)
Fin janvier 2016, 600.000 signatures ont été recueillies en faveur de la nomination des habitants des îles grecques au prix Nobel de la paix, pour leur action auprès des migrants. Dans le même temps, la Grèce est menacée d’être exclue de l'espace Schengen suite à une procédure lancée par la Commission européenne accusant le pays de manquer à ses obligations de contrôle aux frontières. D’autre part, l'agence de coordination policière Europol annonce que 10.000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe entre 2014 et 2015. (AFP / LOUISA GOULIAMAKI)
Début mars 2016, la Macédoine ne laisse plus entrer les migrants qu’au compte-gouttes sur son territoire, principalement des réfugiés syriens et irakiens. Mais durant le mois, la route se ferme définitivement, suite aux restrictions imposées par plusieurs pays des Balkans. Des milliers de migrants se retrouvent coincés côté grec, s’amassant dans des camps sans hygiène et aux conditions de vie très difficiles. Heurts et tensions se multiplient avec les forces de l’ordre. (AFP PHOTO / DIMITAR DILKOFF)
En mars 2016, près de 12.000 personnes sont installées aux abords du dernier village grec avant la Macédoine. Tous espèrent passer la frontière. En attendant, la vie s'organise tant bien que mal. Comme le raconte Louis San, l’envoyé spécial de Franceinfo, «environ 40% sont des enfants, parfois très jeunes». (AFP / DANIEL MIHAILESCU)
Le 8 mars 2016, la frontière gréco-macédonienne est déclarée définitivement close. Plus de 50.000 migrants et réfugiés sont alors bloqués en Grèce, et selon les chiffres officiels grecs, plus de 13.000 à Idomeni. Mais malgré la fermeture de la frontière, ils espèrent encore pouvoir passer et refusent de quitter les lieux.  (AFP PHOTO / ANDREJ ISAKOVIC)

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