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Près d'un migrant sur quatre accepte un retour aidé dans son pays

L’Office international des migrations, qui dépend de l'ONU, confirme la baisse du nombre de réfugiés syriens et irakiens arrivés en Europe en 2016. Progression en revanche des migrants économiques arrivés sur les côtes italiennes en provenance d’Afrique de l’ouest et notamment du Nigéria. Le dernier rapport de l'OIM montre qu'un migrant sur quatre accepte un retour volontaire dans son pays.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Secours portés aux migrants entassés sur un zodiac au large des côtes libyennes. (AFP/ Ricardo Garcia Vilanova)

 
Les rapports de l’OIM donnent une idée assez précise des désordres du monde. Les derniers chiffres, livrés le 25 septembre 2016, montrent que 317 228 migrants et réfugiés sont arrivés dans l’Union Européenne depuis le début de l’année. Principalement par la Grèce (168.390) et par l’Italie (131.974). Quelques milliers d’autres passent par la Bulgarie, Chypre ou l’Espagne. En comparaison sur la même période de l'année précédente, 508.347 traversées de la méditerranée avaient été enregistrées.

En 2015, quelques 50.000 migrants et réfugiés arrivaient chaque mois en Grèce par la mer depuis la Turquie. L'accord passé depuis, entre l'Union Européenne et Ankara, explique la chute du nombre de réfugiés arrivés en Grèce cette année.
 

Répartition par nationalités des réfugiés et migrants arrivés en Europe de janvier à septembre 2016. (OIM (Office Internationale des Migrations))

Ceux qui sont arrivés cette année en Grèce venaient majoritairement de Syrie (81.000), d’Afghanistan (42.000), d’Irak (26.000) et du Pakistan(11.000) (voir graphique)
 
Les migrants qui arrivent en Italie par Lampedusa et la Sicile sont tous originaires du continent africain, à l’exception de 4.500 personnes originaires du Bangladesh.
 
L'Afrique de l'Ouest dépasse l'Afrique de l'Est
Ils sont moins nombreux en 2016 à arriver de la Corne de l’Afrique (Erythrée, Soudan, Somalie), mais beaucoup plus à avoir quitté l’Afrique de l’Ouest. Avec cette année, une forte présence de Nigérians (22.329), Gambiens (7.750), Ivoiriens(7.676), Guinéens (7.468), et Maliens (5.964). (voir graphique).
 
Ces chiffres donnent une idée de la situation économique de ces pays. Le Nigeria souffre d’une grave crise économique liée à la chute des cours du pétrole, aggravée par une guerre coûteuse contre Boko Haram au nord, et les rebelles du Delta du Niger au sud.

Nationalités des migrants arrivés sur les côtes italiennes entre janvier et septembre 2016.  (Office Internationale des Migrations (OIM))

L’Afrique de l’ouest n’est pas épargnée par le terrorisme et les crises politiques. Le 16 septembre dernier, un navire italien a sauvé 654 migrants en difficulté au large de la Sicile, tous originaires du Mali, de Gambie et de Guinée.
 
62% des migrants disent avoir quitté leur pays sans pour autant vouloir partir pour l’Europe.

La dynamique migratoire africaine ne se dirige pas seulement vers l’Europe. Il existe une migration interne à l’Afrique de l’ouest, notamment vers les grandes villes et les côtes du golfe de Guinée.

D’après les témoignages recueillis ces derniers mois dans les centres d’accueil italien. Nombreux sont ceux qui, «partis en Libye pour y travailler, ont dû fuir vers l’Europe les violences et outrages subis dans ce pays».
 
Aide au retour volontaire
L’OMI à également aidé 51 000 migrants à se réinstaller dans leur pays durant le premier semestre 2016.

L’OIM pense atteindre le nombre de 100 000 bénéficiaires en 2016 pour ce programme d’aide au retour volontaire et réinstallation (AVRR).

Ce programme répond à un besoin des demandeurs d’asile qui se sont vus refuser le statut de réfugié et qui sont en situation illégale. "Ces personnes n’ont souvent ni les moyens ni l’espoir de rentrer chez elles et sont, dès lors, confrontées au manque de dignité qu'engendre un retour forcé."
L’AVRR comprend l’assistance avant le départ, la préparation du voyage, l’assistance en transit ainsi que le soutien après le retour dans le cadre d'une réinstallation socio-économique et de la réintégration des migrants dans leur pays d'origine.

"Un tel retour permet une installation durable, s'il est abordé sous toutes ses facettes en tenant compte des actions à entreprendre avant et après le départ." De telles démarches encouragent la création d'opportunités économiques dans le pays d’origine. "Une telle approche rend le retour volontaire plus attrayant et acceptable pour les migrants, mais également pour les gouvernements de leurs pays d’origine". Cela dessine une véritable politique d'aide au développement.
 
32% des rapatriés aidés par l’OMI entre janvier et juin 2016 étaient des femmes et 27% étaient des enfants.

Retour de la diaspora
«Le Niger et le Maroc sont les deux principaux pays d’accueil pour l’aide au retour volontaire», a déclaré Anh Nguyen, responsable de la division de l’aide aux migrants de l’OIM.  
"Le Yemen et l'Indonésie sont également d'importants pays de retour ou de transit"
En 2015, l’OIM avait aidé 69 540 migrants (43 786 en 2014) à retourner dans leur pays d’origine «en toute sécurité et dignité», affirme le rapport. La majorité des migrants aidés par l’OIM sont partis de l’Espace économique européen, l’Allemagne représentant plus de la moitié des départs.

A noter un retour de plus en plus important des diasporas africaines. Le taux de retour des migrants est de 6% en Ouganda, 10% au Sénégal, 15% au Burkina Faso.
Les migrants s'ils repartent dans leur pays avec des compétences acquises, une petite épargne et des contacts tissés à l'étranger ont plus de chance de créer une petite entreprise et de réussir leur nouvelle vie dans leur pays.

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