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Pourquoi Mons a-t-elle été choisie comme capitale européenne de la culture ?

Chaque année depuis 1985, l'Union européenne choisit une voire plusieurs villes comme capitales de la culture. En 2015, Mons, en Belgique, est l'une d'entre elles. 

Article rédigé par Jéromine Santo-Gammaire
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une exposition de rue se tient à Mons (Belgique), le 21 janvier 2015. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

La fête commence samedi 24 janvier. Ville de 93 000 habitants située en Wallonie, à 60 kilomètres au sud-ouest de Bruxelles, Mons détient pour 2015 le titre de capitale européenne de la culture avec Pilsen, située en République tchèque. Près de 1 000 activités culturelles se tiendront toute l'année dans la cité belge, dont 300 événements majeurs, et se déclineront en quatre temps, au rythme des saisons.

Une révolution pour cette ancienne ville industrielle située au cœur d'une région minière en pleine reconversion. Parmi les critères de sélection auxquels devait répondre son projet, la nécessité d'une dimension européenne forte et l'implication des habitants. Le programme se devait également de "laisser une empreinte durable et contribuer au développement social et culturel de la ville", précise le site de la Commission européenne. Voici pourquoi Mons a été choisie.

Parce que c'est la seule ville belge à s'être portée candidate

Pour devenir capitale européenne de la culture, la taille de la ville ou son patrimoine culturel ne sont pas des éléments déterminants. Selon un principe de roulement, l'Europe désigne chaque année les pays qui accueilleront la capitale de la culture. Pour 2015, ce sont la Belgique et la République tchèque qui ont été choisies.

Mons et Liège ont répondu, au départ, à l'appel à candidatures lancé par la Belgique. "A toutes les étapes de constitution du dossier, Liège était candidate face à nous, raconte Marie Noble, commissaire adjointe artistique de Mons 2015. Le jour J, à midi, lorsque nous avons déposé notre dossier à la Commission européenne, Liège ne s'est pas présentée." C'est la première fois qu'une seule ville se porte candidate pour un pays depuis que le nouveau mode de sélection a été instauré.

 En novembre 2010, Mons est désignée officiellement capitale européenne de la culture pour 2015.

Parce que son projet mêle art et nouvelles technologies

Mons a décidé de placer les nouvelles technologies au centre de son projet. Depuis quelques années, des poids lourds du secteur s'implantent dans la région : Google, Microsoft, des entreprises de jeux vidéos... L'industrie culturelle et créative se développe. Le but est de transformer la vallée du Hainaut, marquée par le chômage, en "vallée numérique". "Le point fort de Mons a été de proposer un projet qui s'inscrit dans une continuité", souligne Sylvain Pasqua, coordinateur des capitales de la culture à la Commission européenne. 

L'approche de Mons se veut novatrice dans la réflexion sur le lien entre art et numérique. "C'était une des originalités de la candidature", explique Philippe Kauffmann, conseiller artistique de Mons 2015. Au fil des années, cette dimension s'est un peu diluée. "Aujourd'hui, l'usage des nouvelles technologies dans l'art s'est normalisé et les artistes les ont intégrées à leur pratique", justifie-t-il.

Pourtant, à la Commission européenne, on reconnaît la pertinence de la démarche. "C'est un thème très européen en soi, défend Sylvain Pasqua. Mons s'est interrogé sur la façon d'utiliser les nouvelles technologies pour accroître la participation des citoyens à la vie de la cité. C'est une question que se posent beaucoup de villes."

Parce que la ville mise sur la culture pour se relancer

"Mons est une ville qui a souffert de la désindustrialisation, explique Philippe Kauffmann. La région a été sinistrée sur le plan économique. L'un des axes forts du projet était de rénover la ville grâce à la culture." 

La cité belge mise sur la création de nouvelles infrastructures. "Ville métamorphosée, c’est plus qu’un slogan, affirme Yves Vasseur, commissaire général de Mons 2015 dans le quotidien belge Le Soir. D’impressionnants travaux se terminent à Mons, renouvelant complètement le cadre urbain : rues, façades, places publiques, etc." En avril, cinq nouveaux musées ouvriront leurs portes, ainsi qu'un centre pour les musiques émergentes, une maison pour le design... Un nouveau centre des congrès vient de voir le jour et la rénovation de la gare se poursuit, avec un peu de retard.

Les organisateurs gardent à l'esprit la transformation de Lille en 2004 et s'en inspirent. "Avant qu'elle devienne capitale européenne de la culture, Lille n'existait pas sur la carte des grandes villes, estime Philippe Kauffmann. Depuis, c'est devenu 'the place to be'." En endossant le titre à son tour, Mons compte attirer les touristes et espère encourager l'implantation de start-up et de nouveaux acteurs économiques. 

Parce qu'elle s'efforce de faire participer les habitants

Mons 2015 se veut ancrée dans son territoire. "La dimension citoyenne du projet a beaucoup plu au jury", affirme Sylvain Pasqua. La ville a en effet pris le parti de faire participer les citoyens, les artistes et les associations qui en exprimeraient la volonté. C'est ainsi qu'est né le "Grand 8". Au programme, pour les habitants : huit semaines de festivités dans huit quartiers du grand Mons.

La ville ne veut laisser personne de côté. Elle a prévu d'associer les entreprises locales qui n'avaient pas les moyens de devenir sponsor officiel. Elle a créé un club (baptisé "2015 entreprises") pour que chacune puisse investir 1 000 euros afin de constituer ensemble un unique sponsor. "C'était un pari fou, juge Marie Noble, la commissaire adjointe de Mons 2015. Mais près de 1000 entreprises nous ont rejoints et participent activement aux activités et à la promotion de Mons 2015."

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