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Pour la presse irlandaise, Dublin a signé sa "reddition" à l'UE et au FMI

"Capitulation", "mensonges", "ignominie", "faillite", "mendier", "la fin de 90 ans d'indépendance"... Les journaux de l'île emploient des mots très forts pour caractériser l'aide demandée par l'Irlande au FMI. L'expression du traumatisme d'une nation qui a conquis son indépendance en 1921 les armes à la main...
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le premier ministre Irlandais Brian Cowen (à gauche)) and le ministre des Finances Brian Lenihan le 21 novembre 2010 (AFP - Peter Muhly)

"Capitulation", "mensonges", "ignominie", "faillite", "mendier", "la fin de 90 ans d'indépendance"... Les journaux de l'île emploient des mots très forts pour caractériser l'aide demandée par l'Irlande au FMI. L'expression du traumatisme d'une nation qui a conquis son indépendance en 1921 les armes à la main...

"Après deux semaines de mensonges flagrants", le gouvernement "va mendier à Bruxelles, après la faillite du pays provoquée par ses politiques", écrit The Irish Sun. "Des bureaucrates non élus vont dorénavant gérer nos affaires. Cependant, il nous reste un pouvoir: celui de sanctionner ceux qui sont responsables d'avoir détruit notre nation. Le FMI et l'UE sauveront notre économie. Seuls, nous pouvons sauver notre nation", poursuit le quotidien.

"Une reddition éhontée", titre de son côté The Irish Daily Mail (qui ne possède apparemment pas d'édition électronique). Le journal dénonce une "capitulation sans précédent", estimant que le gouvernement de centre droit avait "mis fin à 90 ans d'indépendance" et que "le drapeau blanc avait été hissé".

Comme ses confrères, The Irish Times appelle à la démission
du gouvernement, très impopulaire. "Des élections anticipées sont nécessaires pour mettre fin à cette ignominie. La coalition (au pouvoir) ne durera certainement pas jusqu'au printemps", croit le quotidien.

"Enfin, quelqu'un contrôle ce pays", se félicite The Irish Independant. "Malheureusement, ce quelqu'un est représenté par des équipes de l'UE, du FMI et de la BCE. Leur présence montre l'échec de la gestion de nos propres affaires. En clair, nous sommes en faillite", écrit le journal.

"Faillite", vous avez dit "faillite" ? "Nous ne sommes pas en faillite", a assuré lundi le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan à la radio publique RTE. "Ces dernières années, notre marge de manoeuvre" pour emprunter sur le marché international "a été sévèrement réduite", a-t-il cependant ajouté pour expliquer
pourquoi les autorités du pays avaient demandé un vaste plan d'aide à l'UE et au FMI. "Nous n'allons pas auprès du FMI dans une position où nous serions en faillite. Nous n'allons pas au FMI sans réserves", a renchéri le ministre.

Il a assuré que l'UE et le FMI ne contrôleraient pas les finances du
pays. "Il est vrai que nous avons accepté une évaluation annuelle" du plan, mais "je suis tout à fait convaincu que le prochain budget sera le nôtre", a-t-il dit.

Si l'on en croit Brian Lenihan, "le prochain budget" sera donc irlandais ou ne sera pas. Quoiqu'il arrive, les journalistes irlandais ne perdent pas forcément leur humour... Lundi 22 novembre, vers 14h, le site internet du Irish Sun titrait sur un designer irlandais qui a mis au point "une banque pour cochons avec des porcelets en chair et en os" qui "met en colère les associations militant pour le droit des animaux"...

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