Piketty s'engage pour une Europe plus démocratique
A quelques jours des Européennes, le manifeste de l’économiste Thomas Piketty en faveur d’une «union politique de l’euro» interroge les partisans de l’Europe et propose des pistes de réformes de l’UE. Pour les signataires de ce manifeste, «les institutions européennes actuelles sont dysfonctionnelles, et doivent être repensées. L'enjeu central est simple: il faut permettre à la démocratie et la puissance publique de reprendre la main.»
Le manifeste est né d'un constat d'échec d'une certaine Europe. «On ne peut pas faire fonctionner une monnaie unique comme ça. On a besoin d'un minimum d'union budgétaire et fiscale et pour cela d'un minimum d'union politique, démocratique, explique Thomas Piketty. Cela exige non pas de faire le deuil de l'Europe à 28, mais d'accepter qu'il y ait, de façon plus ou moins durable, deux architectures politiques, démocratiques en Europe.»
Aujourd'hui, le texte compte plusieurs milliers de signataires et a été publié dans sept langues.
Aujourd'hui, le Parlement européen n'est pas spécialement adapté aux décisions touchant spécifiquement à la zone euro. Et les parlements nationaux ne sont consultés que pour ratifier des traités ou des décisions entraînant des dépenses nouvelles, sans avoir vraiment de rôle de contrôle. C'est le conseil des ministres européens qui a la charge de représenter les Etats. D'où cette idée qui semble se développer que l'Europe est technocratique et peu démocratique.
...ou le conseil des ministres ?
Deux solutions pour une même idée... pas forcement partagée par tous les socialistes. Approche très différente sur cette question entre un Claude Bartolone (auteur d'un petit livre L'Urgence européenne, favorable à l’idée d’un parlementarisme à l’échelle de la zone euro) qui estime que «l’Europe peine à se faire aimer» et une Elisabeth Guigou (Présidente de la commisson des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale) qui s’est montrée beaucoup plus positive sur la construction européenne et beaucoup plus «sceptique» sur l’idée d’une chambre de la zone euro.
L'ancien ministre de l'Economie du gouvernement Ayrault est en revanche en faveur du renforcement de l’exécutif de la zone euro, proposant que le poste de président de l’Eurogroupe soit également le commissaire européen aux Affaires économiques. Un poste taillé sur mesure pour celui qui n’est plus ministre de l’Economie et qui vise ouvertement un poste de commissaire européen?
Pour Thomas Piketty, qui vient de connaître un succès planétaire avec son livre Capital et une tournée triomphale aux Etats-Unis, «il est possible de faire aimer l'Europe. Une Europe synonyme de justice fiscale, sociale et pas seulement basée sur la concurrence». Il n'est pas sûr que les Européennes aillent dans ce sens.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.