Pédophilie: le Vatican tente de faire face aux accusations
Les "efforts" pour "impliquer personnellement" le pape dans les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise "ont échoué" , a déclaré le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Selon lui, "ces derniers jours, il y en a qui ont cherché - avec un certain acharnement à Ratisbonne et Munich - des éléments pour impliquer personnellement le Saint Père dans les questions des abus" sexuels.
En citant Ratisbonne et Munich, Mgr Lombardi fait référence aux accusations de pédophilie en Allemagne, notamment celles qui ont touché la chorale de Ratisbonne, dirigée de 1964 à 1994 par le frère du pape, Mgr Georg Ratzinger. Il évoque également la mise en cause du pape par un quotidien allemand pour avoir hébergé un prêtre soupçonné de pédophilie lorsqu'il dirigeait le diocèse de Munich (entre 1977 et 1982).
Sur cette dernière affaire, le porte-parole souligne que l'archevêché de Munich a expliqué que "l'archevêque Joseph Ratzinger (futur Benoît XVI) était resté complètement étranger aux décisions à la suite desquelles des abus ont été vérifiés", remettant en cause les accusations du quotidien Süddeutsche Zeitung.
Comme le pape qui a reçu hier le président de la conférence épiscopale d’Allemagne, le porte-parole du Vatican a rappelé le "bon chemin" pris par la conférence épiscopale allemande, encourageant les mesures prises contre les cas d'abus au sein du clergé. Une ligne qui doit être "un modèle pour d'autres conférences épiscopales confrontées aux mêmes problèmes".
Après les Etats-Unis, l'Irlande, et plus récemment l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, les accusations se multiplient. L'Eglise catholique a précisé qu'il y a eu environ 3 000 accusations de pédophilie à l’encontre de prêtres entre 2001 et 2010, pour des affaires commises ces 50 dernières années.
Dans une interview à Avvenire, le journal de la conférence épiscopale italienne, Mgr Scicluna, en charge d’enquêter sur ces crimes, explique que seuls 10% des cas sont véritablement de la pédophilie. La plupart font état, selon lui, d’"éphébophilie", soit une attraction physique pour des adolescents de même sexe, et le reste de relations hétérosexuelles.
_ Les cas de pédophiles au sein du clergé seraient donc d’environ 300, sur les 400 000 prêtres diocésains et religieux dans le monde. "Trop certes, mais il faut constater que le phénomène n’est pas étendu comme on veut le faire croire", nuance-t-il.
Le Vatican a tenu à affirmer que l'Eglise, dans les cas de pédophilie, "n'a pas favorisé la couverture de ces délits mais ont au contraire donné lieu à une activité intense pour (les) affronter, juger et punir de façon adéquate". "Malgré la tempête, l'Eglise voit bien le chemin à suivre, sous la conduite sûre et rigoureuse" du pape, conclut le père Lombardi.
Abus sexuels du clergé : la presse allemande partagée
En Allemagne, les scandales d'abus sexuels touchant l'Eglise catholique, font les gros titres des journaux. Certains appellent le pape Benoît XVI à s'expliquer.
Le pape "savait-il que ce prêtre retrouverait des fonctions" au sein de son archevêché "ou n'en savait-il rien, ce qui serait probablement une négligence ?", s'interroge le quotidien berlinois Tagesspiegel dans un éditorial, selon lequel "les deux hypothèses sont, pour dire le moins, peu reluisantes".
"Il reste encore des questions qui sont cruciales et auxquelles seul le pape Benoît XVI peut répondre. Il devrait y répondre par goût de la clarté et de la vérité, pas par contrainte", renchérit le journal munichois Süddeutsche Zeitung.
_ "Ce qui est en jeu, maintenant, c'est la confiance que peuvent accorder un milliard de catholiques à travers le monde au souverain pontife. Ou pas", conclut-il.
Le quotidien conservateur Die Welt souligne que, "contrairement aux cas gravissimes qui avaient touché jusqu'au coeur l'Eglise aux Etats-Unis et en Irlande, le Vatican n'a pas souhaité se mêler directement" des affaires allemandes.
A l’inverse des autres journaux, le conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung parle d'une "Eglise bouc-émissaire" . Dans un éditorial, le journal estime que la façon dont chaque nouvelle affaire est dévoilée, "rappelle souvent des pratiques d'un manuel d'Inquisition". "Comme à l'époque, où un seul témoignage suffisait à lancer un procès (...), de même aujourd'hui des affirmations sont présentées a priori comme des vérités", souligne le FAZ.
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