Pêche: le retour du thon rouge en Méditerranée
La raison : des mesures mises en place à la fin des années 2000 pour reconstituer le stock de l'Atlantique Est et de la Méditerranée.
Il faut dire que dans les années 90-2000, la surpêche, liée à la demande du Japon et à l'essor du marché du sushi dans le monde, avait été à l'origine de la chute libre du plus gros stock de thon rouge au monde.
Aujourd’hui, «tous les signes sont positifs», a confirmé à l’AFP Sylvain Bonhommeau, chercheur à l'Ifremer de Sète, dans l’Hérault. Confirmation de François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace, qui renchérit mais reste prudent : «La tendance au déclin s'est ralentie, voire inversée», mais l'espèce «n'est qu'au début d'une éventuelle reconstitution».
Changement de cap en 2007
Il faut dire que jusqu'au milieu des années 2000, le quota mondial fixé à 30.000 tonnes par an était peu respecté. L’Ifremer estime que les captures flirtaient plus probablement avec les 50.000 tonnes.
La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta ou ICCAT) a mis sur pied en 2007 un plan de reconstitution du stock sur 15 ans. Il comporte une batterie de mesures comme la limitation du nombre de navires autorisés à pêcher le thon rouge, l’interdiction des filets dérivants et l'utilisation d'avions pour repérer les bancs de poissons.
En 2009, nouvelles dispositions : les quotas sont abaissés à 13.500 tonnes et la période de pêche à la senne (filet) réduite à un mois maximum par an. Au cas où les quotas seraient atteints avant la fin du délai, la pêche doit s'arrêter (France, Espagne et Italie détiennent la plus grande partie du quota européen, soit 2.471 tonnes pour la France en 2014). De plus, les thoniers-senneurs (pêche industrielle) doivent embarquer un observateur du Cicta pour toute la durée de la campagne de pêche.
Autres obligations : une balise de positionnement des bateaux est activée en permanence. Les patrons-senneurs doivent demander à l'avance l'autorisation de transférer les thons de la senne (filet) jusque dans les cages d'engraissement situées à Malte ou aux Baléares. Une fois accordé, le transfert est filmé pour permettre le comptage des poissons qui ne doivent pas peser moins de 30 kilos.
Des mesures que d’aucuns ne trouvaient pas suffisantes fin 2012, comme le montre la vidéo ci-dessous.
Pour les pêcheurs à la ligne (petits pêcheurs), la limite descend à 8 kilos par poisson. Ces derniers n'ont le droit qu'à 10% du quota fixé pour la France.
A leur arrivée au port, tous sont contrôlés et ils ont obligation de déclarer chaque thon pêché, qui sera immédiatement bagué pour en assurer la traçabilité.
Un retournement de tendance encore fragile
Force est de constater que depuis 2010, trois fois plus de bancs de jeunes thons qu'il y a dix ans ont été repérés lors des observations aériennes menées par l'Ifremer. Mais attention, l'amélioration est «tellement récente qu'il est difficile de savoir si c'est une tendance de fond», rappelle encore Sylvain Bonhommeau de l’Ifremer.
Si les armements français ont été décimé par la réduction des quotas – il n'y a plus que 17 thoniers-senneurs en Méditerranée contre 32 en 2008, dont les deux tiers à Sète –, ceux qui ont réussi à tenir voient désormais les avantages des restrictions: «Même si on pêche trois fois moins, le prix a triplé donc on s'y retrouve», explique Généreux Avalone, patron-senneur à Sète.
Et dans cette ville, où la filière a été laminée, on tente aujourd’hui de mettre fin au «tuna bashing» auprès des consommateurs et de la grande distribution, comme l'expliquait le Midi Libre le 18 mai 2014.
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