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Pour traverser le Niger, les migrants de l’Afrique de l’Ouest risquent leur vie

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brut : niger migrants
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Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Géraldine Hallot, journaliste pour France Inter, a suivi des migrants à travers le désert du Niger, dernière étape avant la Libye. Elle raconte.

« J’ai vu des gens qui sont prêts à tout. » Géraldine Hallot, grand reporter pour France Inter, a rencontré les migrants d’Afrique de l’Ouest qui passent par le Niger, dernière étape avant la Libye. Mais la route qu’ils empruntent à travers le désert est très dangereuse, et parfois fatale. 

Un parcours migratoire périlleux

Sous la pression des États européens qui veulent freiner l’arrivée de migrants sur leurs côtes méridionales, Géraldine Hallot explique que « depuis un peu plus d’un an, le Niger applique une loi contre l’immigration illégale. Des passeurs de migrants, des chauffeurs sont arrêtés. Donc, constate-t-elle, le flux de migrants a clairement diminué mais pas d’une manière spectaculaire. » Cela s’explique par le fait que les migrants ont par conséquent été obligés d’emprunter des « routes alternatives ».

« Au lieu de passer par Agadez, ils le contournent par l’ouest. Ce sont des routes toujours dans le désert, mais secondaires, moins surveillées et donc plus dangereuses » indique la journaliste. Ce nouveau parcours, ils l’empruntent parfois au péril de leur vie. Certaines ONG ont remarqué qu’il y a « plus de migrants maintenant qui meurent dans le désert, qu’on ne va pas forcément retrouver parce que ce sont des routes qu’on ne connaît pas encore. » raconte la journaliste.

Une fois que ces migrants ont atteint le Niger, leur parcours migratoire est loin d’être terminé. Il leur reste encore trois parties, qui sont « très dures et très dangereuses » précise Géraldine Hallot. D’abord, « il y a a traversée du désert qui est longue, quatre jours, et dangereuse parce qu’on peut y mourir de soif, de faim, on peut aussi être abandonné par son passeur », fait savoir la reporter. Ensuite, « il y a la Libye, il faut arriver à la traverser, à arriver à Sabratha sur la côte pour prendre un bateau. On peut, pendant ce trajet-là, se faire kidnapper, se faire rançonner, se faire violenter ». Enfin, c’est « la traversée de la Méditerranée sur des embarcations de fortune. »

La faible dissuasion de la vidéo de CNN

D’autre part, Géraldine Hallot s’étonne du peu d’impact de la vidéo de CNN sur leur volonté de migrer. La chaîne américaine avait diffusé en novembre dernier une vidéo montrant des migrants vendus aux enchères en Libye, pour en faire des esclaves. Mais selon la reporter, ça ne les refroidit pas pour autant : « Ils me disent tous : « on l’a vue sur Facebook. » Ils ont une espèce de foi, quelque chose qui est un peu irrationnel pour nous, Européens, de dire : « Mais moi, c’est bon, je vais y arriver, j’ai la bénédiction de mes parents. » » 

En effet, la journaliste raconte que la plupart des jeunes hommes qu’elle a croisés sont des fils aînés des familles qui ont été « missionnés » par leur mère : « « Tu vas partir en Europe, on te paie ton voyage et tu vas ensuite tous nous faire vivre. » Donc finalement, la vidéo de CNN, ils en ont conscience, mais c’est comme si ils se dissociaient de ça : « Ça ne sera pas nous ». »

De façon plus générale, Géraldine Hallot estime que la fin de la migration, ce n’est pas pour demain : « Tant qu’il y aura des raisons de partir, il y aura des raisons de migrer ».

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