Nathalie Kosciusko-Morizet a demandé une "mission d'inspection" sur le manque de glycol, liquide de dégivrage des avions
"J'ai demandé une mission d'inspection au conseil général de l'écologie et du développement durable sur la question du dégivrage avec des premiers retours prévus pour le 10 janvier", a révélé samedi la ministre des Transports.
Le manque de glycol, pour dégivrer les avions, a perturbé le trafic aérien ces derniers jours, provoquant une polémique.
Nathalie Kosciusko-Morizet s'est rendue samedi au terminal 2E de l'aéroport de Roissy, où 200 personnes ont passé la nuit de Noël.
"Je veux savoir si nous avons été en situation de risque de pénurie ou si nous avons été réellement en situation de pénurie" après la modification des plans de vols de la journée de jeudi, a ajouté la ministre, escortée par le PDG d'Aéroports de Paris, Pierre Graff. ADP est mis en cause par Air France-KLM pour ses difficultés d'approvisionnement en glycol.
La ministre des Transports et de l'Ecologie a décrit "une succession d'épisodes neigeux qui ont conduit à un épisode climatique extrême" et a insisté sur la nécessité d'"un retour d'expérience", portant plus particulièrement sur l'information aux passagers et sur "la gestion de la crise autour des différents problèmes techniques". Elle a annoncé une réunion début janvier avec "toutes les compagnies aériennes et les partenaires concernés sur Roissy au sujet de l'information aux passagers".
"ADP a réservé 300 chambres d'hôtel pour les passagers qui n'avaient pas pu prendre leur vol vendredi et je rappelle que ce n'est pas la mission d'ADP, c'est la mission des compagnies aériennes", a souligné la ministre. Elle a ajouté qu'"il n'était pas normal que certaines compagnies et en particulier certaines 'low-cost', n'assument pas leurs responsabilités dans la prise en charge de leurs voyageurs".
Au moins 200 personnes ont dû réveillonner et passer la nuit de Noël à l'aéroport. Le trafic est revenu à la normale samedi. Vendredi, 400 à 670 vols, selon les agences de presse, ont été annulés du fait de la neige et du gel qui ont bloqué la plate-forme aéroportuaire. Dans la nuit de jeudi à vendredi, quelque 2000 passagers s'étaient retrouvés piégés à l'aéroport de Roissy en raison des intempéries.
Samedi, à l'extrémité du terminal 2F, au niveau des départs, les agents de la sécurité civile ont replié les lits de camps déployés la veille pour accueillir les 200 voyageurs coincés à l'aéroport. Au guichet de la compagnie Air France, la file d'attente s'étendait désormais sur quelques mètres contre environ 200 la veille. "Tout est en cours de normalisation", a précisé à l'AFP une porte-parole de la compagnie.
Plus à l'est, les aéroports de Strasbourg et Metz-Nancy ont été provisoirement fermés samedi matin avant de rouvrir en début d'après-midi, du fait de l'enneigement des pistes.
Recenser les compagnies défaillantes?
La ministre des transports a indiqué lundi sur RTL qu'elle réfléchissait à la possibilité de recenser les compagnies aériennes qui n'assument pas leurs responsabilités à l'égard de leurs passagers en cas d'intempéries .
Notant l'existence de "listes noires de la sécurité des avions", la ministre a estimé qu'il y avait lieu d'être également "un petit peu plus indicatif sur la qualité de l'accueil et du service" pour les compagnies aériennes "qui n'assument pas toutes leurs responsabilités".
Mariani a rendu visite aux passagers bloqués à Roissy
Peu avant les 12 coups de minuit, vendredi soir, précédant de quelques heures sa ministre de tutelle, le secrétaire d'Etat aux Transports Thierry Mariani a rendu visite aux passagers bloqués à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. "Les choses se passent mal pour 200 passagers mais nettement mieux que la soirée d'hier (jeudi, ndlr)", a estimé à son arrivée le secrétaire d'Etat aux Transports, qui se rendait à l'aéroport de Roissy pour la quatrième fois depuis le début de la vague de neige et de froid. "Ce (vendredi) soir, il s'est produit l'inverse d'hier", a-t-il expliqué. Hier (jeudi), la situation s'est brusquement aggravée vers 16H00 car la qualité de la neige a changé (...). Aujourd'hui (vendredi), à partir de 16H00 les choses se sont améliorées. On craignait à midi que 2000 personnes restent bloquées ici, il n'y en a que 200."
Thierry Mariani s'est entretenu avec quelques passagers, assis sur des bancs ou allongés sur des lits de camps dans le terminal 2F de l'aéroport, partiellement bloqués en cette nuit de réveillon de Noël. Au rang des dysfonctionnements, il a d'abord pointé "les informations données trop tardivement aux passagers". "L'urgence aujourd'hui est de voir ce qu'on a à améliorer côté accueil et côté information des passagers" pour que "les passagers partent" et retrouvent leurs familles.
Vendredi, à travers toute l'Europe, des milliers de voyageurs ont encore été bloqués par la neige qui a semé le chaos dans les transports européens depuis le début de la semaine. Des dizaines de milliers de voyageurs ont été bloqués en raison des retards ou des annulations de vols, alors que de leur côté, les trains ont dû circuler à vitesse réduite et la circulation des poids lourds a été interdite par périodes.
La faute au glycol
"La vague de froid", la troisième du genre, est "comparable sur tous les aéroports européens, qui se sont jetés sur le glycol" (produit dégivrant pour les avions), a expliqué en fin de semaine le secrétaire d'Etat aux Transports Thierry Mariani. Il a également parlé de "loi des séries", la principale usine fabriquant ce produit en France (à Fos-sur-Mer) étant en grève. "La production sera à nouveau en place à partir de lundi", a-t-il précisé.
Interrogé sur la responsabilité d'Aéroports de Paris (ADP) dans les annulations à répétition de vols pour cause d'intempéries, Thierry Mariani a estimé que "tout le monde se renvoie la patate chaude". "Ce qui se passe n'est pas normal", a-t-il dit en référence aux 2000 personnes bloquées qui ont passé la nuit de jeudi à vendredi dans les aérogares. "Les compagnies ont le devoir d'assister, d'acheminer, et de rembourser éventuellement le ticket (...). Il y a des compagnies dans ces événements qui ont bien réagi, d'autres qui n'ont pas assuré."
Le directeur exécutif d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, a déploré vendredi les difficultés d'approvisionnement en glycol rencontrées par ADP à Roissy, estimant que c'était "peu admissible". "Il est surprenant et peu admissible qu'un aéroport tel que Roissy Charles-de-Gaulle ait ce problème d'approvisionnement. C'est un cas isolé en Europe", a-t-il déclaré. Il a, en outre, affirmé que la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait demandé l'annulation de vols à Roissy vendredi en raison du manque de glycol.
Ailleurs en Europe
La situation s'est améliorée samedi en Allemagne, malgré de nouvelles chutes de neige. "C'est clairement moins tendu que la veille", a déclaré un porte-parole des chemins de fer allemands, Deutsche Bahn, à Berlin, qui a fait état de retards mais "pas de problèmes majeurs" comme le 24 décembre.
Le trafic était encore totalement interrompu seulement à Rügen (nord-est), une l'île de la mer Baltique, mais la Deutsche Bahn espérait rendre les lignes totalement praticables en début d'après-midi. Côté aérien, un porte-parole de Lufthansa a fait part de "retards isolés et d'annulations", tout en précisant qu'"ils étaient surtout dus à la situation d'aéroports situés à l'extérieur de l'Allemagne ".
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