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"Moi je vais clairement voter non" : les Suisses divisés autour du durcissement de leur loi sur le port d’armes

Les Helvètes se prononcent dimanche par référendum sur un éventuel durcissement de la loi sur le port d'armes. Le sujet divise : certains voient dans la mesure une atteinte à l'identité suisse fomentée par l'Union européenne. Avec trois armes pour dix habitants, la Suisse est au 16e rang mondial pour le nombre d'armes par habitant.

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme porte des fusils dans la rue, à Sion, en Suisse. (OLIVIER MAIRE / MAXPPP)

Plusieurs millions de revolvers, de fusils, de carabines en circulation. 130 000 personnes pratiquent le tir sportif, une arme dans quasiment chaque maison : bienvenue... en Suisse ! Surarmés, les citoyens suisses décideront dimanche 19 mai s’ils durcissent ou non la loi sur le port d'armes. Le débat fait rage : certains voient dans la mesure une atteinte à l'identité suisse fomentée par l'Union européenne. À 26 ans, Andréa vient souvent exercer sa passion au Swiss Gun Center de Genève. Il fait partie des plus de deux millions de Suisses qui déclarent posséder une arme.

Je suis passionné par les armes. La première chose que j’ai acheté lorsque j’ai eu 18 ans c’est une arme à feu. Pour moi c’est une activité normale !

Andréa

à franceinfo

Problème : personne ne sait combien d’armes sont en circulation. D'où la volonté des autorités de renforcer les contrôles. Mais Andréa votera contre la loi. Comme sa compagne Fiona. "Je suis pour qu’on règlemente davantage, explique-t-il. Mais je trouve que cette loi, telle qu’elle est faite, va restreindre ceux qui se sont officiellement déclarés, comme nous, mais que cette loi ne va pas du tout influencer sur le trafic d’armes."

Pascal tire depuis plus de 25 ans. Cet ancien policier, l'assure, renforcer les contrôles c'est favoriser le trafic : "L’interdiction va favoriser le marché noir ! Les gens réfléchissent déjà à cela ! On a une tradition : si les gens n’arrivent plus à l’avoir légalement, il y a des gens qui iront le chercher de manière illégale." Derrière la critique sur le fond, les tireurs visent surtout l'Union européenne. Avec cette loi, la Suisse doit en effet se mettre en conformité avec les règles de sécurité de l'espace Schengen. "Moi je vais clairement voter non. Je perçois plus un problème avec l’Union européenne qu’un problème sur les armes."

On est un pays souverain, nous ne sommes pas membres de l’Europe, c’est gentil mais ces gens-là n’ont qu’à rester à Bruxelles.

Pascal

à franceinfo

Benoit Genecand est député du Parti libéral radical au parlement suisse. S'il reconnaît que la menace de sortir de Schengen brandie par le gouvernement a pu être contre-productive, il maintient que la loi va dans le bon sens : "Ces opposants ont réussi à faire en sorte que le débat soit la relation entre la Suisse et l’Union européenne. Si on prend le problème dans l’autre sens, c’est-à-dire que l’on regarde ce que la loi dit, cette régulation est raisonnable ! On parle d’interdire sûrement les fusils semi-automatiques, comme nous sommes Suisses, nous y mettons plein d’exceptions. Cette loi va dans le bon sens…" Les chasseurs ne sont pas concernés par la loi. Pas plus que les appelés au service militaire qui, si le oui l'emporte, comme les sondages le laisse entendre, pourront toujours conserver leur arme chez eux.

Les Suisses divisés autour du durcissement de leur loi sur le port d’armes - reportage Jérémie Lanche

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